Abby et sa passion récente pour les placards. [avec mon bon ami Georges]

Abby courrait de toute la puissance de ses petites jambes. Elle avait fait tomber sa clé quelque part. C'était l'une des pires choses qui puisse arriver. On lui avait plus ou moins indiqué qu'elle avait été mise à l'abri dans le placard du premier étage.
C'est pourquoi elle arriva, essoufflée, devant la fameuse porte, à l'air étrangement lourde pour une bête porte de placard. Mais elle supposa qu'un certain nombre de puissants artefacts avaient du y être consignés, et qu'il fallait une porte d'une certaine solidité si jamais l'un d'entre eux pétait et mettait le feu aux autres. Plus ou moins littéralement. C'est pourquoi, après avoir tourné la clé dans la serrure, elle peina à ouvrir la porte suffisamment grand pour pouvoir se glisser à l'intérieur.
Il est reconnu qu'Abygail possède en elle un pouvoir extraordinaire. Mais pas le pouvoir de l'anticipation. ça c'était sûr. Car à peine rentrée, la porte se referma sur elle. Et elle découvrit avec horreur qu'il s'agit d'une de ses portes qui se referment automatiquement à clé dès qu'elles se retrouvent closes. Avant de paniquer, elle chercha calmement sa clé à elle, cadenas de son pouvoir. Evidemment, elle était entreposée sur une des étagères les plus élevées. Elle escalada un escabeau dangereusement instable, et tenta de ne pas regarder les merveilles posées sur les autres étages. Elle parvint à attraper sa clé, et l'escabeau s'affaissa. Elle tomba donc à la renverse, et son promontoire sur elle. Elle aurait pu s'en relever, si elle n'avait pas entrainé dans sa chute la plus petite des étagères. Quelques vieux livres d'initiations aux rituels magique lui écrasèrent les jambes, et LE seul bocal présent sur l'étagère s'éclata à proximité de son visage. Bocal qui contenait évidement... des araignées vivantes. Elle eut le temps de se rendre compte que son ours ferait plus de mal que de bien s'il se déchainait dans ce placard si étroit et si dangereux. Abby estima qu'il était largement temps de se mettre à paniquer, et elle hurla de tout ses poumons.

Georges traversait les couloirs avec son flegme habituel, des liasses de papiers plein de noms d'élèves entre les mains, pas vraiment pressé de les ramener au Tyran-en-chef. Effleurant les murs d'une main gantée de mitaine, il ne put pas s'empêcher encore une fois de trouver l'architecture du lieu bien trop chargée et planplan pour lui, mais bon... Demander gentiment à refaire la déco ne changerait selon toute probabilité rien. Sauf peut-être son rang, déjà au bas de la hiérarchie collégiale, qui s'ornerait alors du charmant qualificatif d'"emmerdeur de première". Huuuuuuum... Nope. Mauvaise idée.

Un bruit de fin du monde le tira de sa rêverie. On eut dit que quelqu'un s'était amusé à briser toutes les vitres de l'étage du dessous avec un grand marteau en métal. Le pion pesta dans sa barbe inexistante. Probablement un de ces foutus magiciens qui avait (encore) perdu le contrôle de ses pouvoirs. Il sauta au dessus d'un escalier et se réceptionna souplement à l'étage du dessous. Un hurlement perçant lui déchira soudain les tympans. Aucun doute, ça sortait de l'armoire.

Il actionna en vain la clanche de l'armoire en pestant.

"Oh toi! Dedans! Calme toi, petite, j'm'occupe de toi."

Son enfance dans les rues de Budapest lui avait appris qu'aucune serrure ne résistait à un bon couteau, mais, plutôt que de céder à la tentation de se saisir de celui caché dans sa chaussure droite, il se rappela du trousseau de clés qui pendait à sa ceinture. Essayant fébrilement toutes celles qui y pendait, il finit par trouver la bonne. Les portes de l'armoire s'ouvrirent en grand sous la pression d'une étagère affaissée qui pesait de tout son poids contre elles et qui s'écrasa à ses pieds, manquant de peu le bout de ses rangers.
Sans perdre un instant, l'humain écarta le meuble et les livres qui étaient tombés, s'entaillant légèrement le doigt sur un bout de verre. Il repéra la gamine écrasée par terre et balaya de la main les livres ainsi que les araignées (malgré leur taille conséquente, ces bestioles n'avaient jamais été un problème pour lui) qui la recouvraient.
La prenant gentiment dans ses bras, il la sortit de cette armoire infernale avant qu'une autre étagère ne leur retombe dessus et la déposa sur le sol froid du couloir.

"ça va gamine? Rien de cassé?"

Malgré sa curiosité, la sécurité de l'enfant primait. Les reproches viendraient plus tard.