Euh... Au secours? (libre)

Le lac. Scintillant de calme, plat miroir qui tutoyait les nuages venant se mirer à la surface et se lovait contre la terre qui l'envelopait comme une mère dans une étreinte ronde et protectrice. Magnifique et bleuté, merveilleux et scintillant, silencieux et... Un cri déchira d'un coup la grande toile de tranquillité qui semblait règner sur les lieux.

-Oooh! Non mais non mais non mais c'est pas vrai!! Je suis vraiment perdue!

Holly, car s'était bel et bien la calme jeune femme qui venait de hurler de la sorte, trépignait sur une berge. Elle avait passé le portail d'entrée, puis s'était enfoncée dans la forêt verte qui semblait entourer l'académie. Toujours plus loin, sans se retourner ou se poser de questions. Résultat des courses? Eh bieeen... Elle s'était égarée. Dotée d'un lamentable sens de l'orientation et malgré la carte qu'elle avait récupérée, elle se trouvait maintenant près du lac, des feuilles prises dans ses cheveux, ses talons hauts s'enfonçant un peu plus dans la terre humide. Elle tira sur sa jolie robe couleur crème d'un geste nerveux, luttant contre les larmes qui n'allaient pas tarder à ravager le savant maquillage qu'elle avait mis un long moment à parfaire le matin (chose très inhabituelle, tout comme sa tenue. Mais elle comptait bien faire bonne impression pour sa première entrée dans son nouveau lieu de travail).

*Qu'est-ce que je vais faire! Mais qu'est-ce que je vais faire?? Je suis là. L'académie est là. Donc... Si je marche comme çaaa... Oooh! Je n'y arriverais jamais!*

Elle s'assit sur son imposant sac de voyage et prit son visage entre ses mains, complètement désespérée, sans entendre la personne qui venait de s'approcher d'elle.

La matinée était déjà bien entamée lorsqu' Aïsse repassa les portes de l'académie pour la troisième fois, après les péripéties du petit jour elle avait du retourner en un éclaire faire sa commission à la ville en se concentrant sur le plus urgent : refaire les stocks de nourritures pour la journée. Maintenant que les élèves et professeurs étaient rassasiés et que les cours avait commencé elle pouvait profiter du temps qui lui restait pour vaquer à ses occupation... et récupérer les menues fournitures qui manquait encore au corps enseignant !
La course avait été rapide et elle avait même eu la chance de tomber sur le précieux tome des Explorateur du temps qu'elle cherchait depuis la veille. Le soleil était haut dans le ciel, les lapins s'ébattaient dans les buissons, le lac scintillait de milles feu et une jeune fille était roulée en boule près de celui-ci. Le meilleurs des mondes possibles comme aurait dit Leibniz...heu, une petite seconde. Une jeune fille roulée en boule !

La jeune chasseuse s'approcha, une femme visiblement jeune, était assise sur un sac de randonnée aux proportions démesurée et laissait échapper des petits sons qui ressemblaient trop à des sanglots pour le confort d'Aïsse. Sa tenue semblait avoir été choisit avec soin et aurait sûrement été très élégante si le bas de sa robe crème n'avait pas été maculé par le limon du rivage et des taches d'herbes, de même pour ses chaussures à talons à moitié enfoncé dans la boue.

La jeune fille laissa tombé ses mains un moment et elle put voir de grands yeux bleu qui brillaient trop pour ne pas être au bord des larmes. Cela lui rappelait une chanson que l'une de ses sœur aimait beaucoup : "...Je l'ai vue approcher ailleurs dans ses prières, il m'a semblé voir trop briller ses yeux, je lui ai dit, si tu pleures pour un garçon tu ne seras pas la dernière souvent les poissons sont bien plus affectueux...". Cela correspondait plutôt bien vu qu'elle étaient juste au bord du lac. Enfin, vu le sac de randonné et l'apparence échevelée de la jeune fille, le problème était davantage de boussole que de cœur.

"Bonjour mademoiselle, est-ce que je peux vous aider ?"

Zeph sursauta en poussant un cri de terreur.

-IIIIIIIIIH!!! Ne-vous-approchez-pas-ne-vous-approchez-pas-ne-vous-approchez-pa... AAAAAAAh!!!

Elle avait activé sa magie en se levant, mais, peu habituée aux talons hauts, ses pieds s'étaient pris dans les lanières du sac, lui faisant perdre l'équilibre. Le "splaoutch" que provoqua sa chute dans la vase qui couvrait les berges du lac restera sans aucun doute l'un des souvenirs les plus humiliants de sa vie.
Etalée de tout son long dans la boue, couverte de saleté, fatiguée et honteuse, c'en fut trop pour la jeune femme. En à peine une heure, elle avait réussi à ruiner tous ses efforts pour paraître intelligente et présentable.
Holly fondit en larmes devant la grande jeune femme à la peau mate qui lui avait uniquement proposé son aide.

-J'en ai maaaaaaarre... Pourquoi ça n'arrive qu'à moi, hein?

Sa proposition avait été accueillit de manière pour le moins, intense. Le cris de détresse percent que poussa la jeune fille fit bondir Aïsse d'au moins dix centimètres. Une vague de magie défensive flotta un instant dans l'aire avant de s'évanouir dans les aires...comme la dignité de la blondinette qui venait de se fracasser au sol. La chose était triste à voir, la robe de la jeune fille avait définitivement perdue sa couleur d'origine et même ses long cheveux blond n'avait pas échappé aux effets de la boue. Les yeux trop brillant de celle-ci finirent par se remplir de larmes pour de bon.


-J'en ai maaaaaaarre... Pourquoi ça n'arrive qu'à moi, hein?

La surveillante en chef, s'accroupit au niveau de la pauvre jeune fille et sortie un mouchoir de sa poche. Ce n'était certes pas un mouchoir brodé de la vielle époque, mais c'était un honnête kleenex, propre de surcroît, et qui remplirait son office.
Les réflexes maternelle d'une vie ne s'oublie pas en quelques mois, et les grands yeux bleu de cette fille perdue et fragile n'était pas sans lui rappeler d'autres yeux, c'est tout naturellement qu'elle commença à nettoyer le visage de sa vis-à-vis. Le geste était peut-être cavalier, sûrement
paternaliste, mais plein de bienveillance.

« Comme on dit dans ma famille, lorsque l'on se persuade que l'univers et contre soit, il est rarement enclin à nous contredire, allons, je vais te ramener, tu as cours dans quelle salle petite ?»

Après avoir instinctivement reculé en voyant cette femme gigantesque se pencher vers elle, puis fermé les yeux dans l'attente d'un coup, Holly fut à la fois surprise et touchée par la douceur du kleenex contre sa joue salie. Comment quelqu'un à la puissance et à la force quasiment palpable pouvait faire preuve d'une bonté aussi grande? La stupéfaction suffit à tarir le flot de larmes qui s'écoulait en torrent sur le visage de la jeune femme.

« Comme on dit dans ma famille, lorsque l'on se persuade que l'univers et contre soit, il est rarement enclin à nous contredire, allons, je vais te ramener, tu as cours dans quelle salle petite ?»

La citation cocasse et parfaitement adaptée à la situation fit sourire Holly. Douce et sage? La personne qui lui parlait devait vraiment être quelqu'un d'exception! Puis un mot la fit tiquer.

*Petite? Mais... Je... Elle doit me prendre pour une élève. Bon... Il faut dire que je lui arrive à peine à la poitrine...*

La blonde tenta de lui adresser son plus beau sourire, mais la boue étalée sur ses lèvres se colla à ses dents, répandant un goût immonde dans sa bouche et transformant soudain le sourire en grimace. La bibliothécaire tenait quand même à adresser ses remerciements quant à la compassion dont faisait preuve la jeune femme aux cheveux d'ébène.

"Enchantée de faire votre connaissance, mademoiselle! Je m'appelle Holly Stimper et je suis la nouvelle bibliothécaire de cet établissement. Oh je suis tellement désolée de faire votre connaissance ainsi! Merci pour votre aide! Je n'aurai jamais du réagir d'une manière aussi ridicule! Je... Je..."

Perdant toute contenance, elle se mit à bafouiller en rougissant.

La surveillante en chef fut heureuse de voir un sourire timide se dessiner enfin sur le visage de la jeune fille, et quel beau sourire ! Malheureusement celui-ci ne dura pas longtemps et fut vite remplacé par une expression indescriptible entre le dégoût, le gène et la surprise, comme si la blondinette avait avalé une dragée surprise de Bertie Crochut goût chaussette mayo...
Mais celle-ci se reprit avec une assurance impressionnante étant données les conditions, et commença à se présenter.

"Enchantée de faire votre connaissance, mademoiselle! Je m'appelle Holly Stimper et je suis la nouvelle bibliothécaire de cet établissement. Oh je suis tellement désolée de faire votre connaissance ainsi! Merci pour votre aide! Je n'aurai jamais du réagir d'une manière aussi ridicule! Je... Je..."

...Oh mince alors, c'était une collègue en faite ! Il faut dire que l'apparence innocente et enfantine de la jeune fille ( femme?) devait la rajeunir de quelques années et la réaction de panique que celle-ci avait eu en la voyant n'avait pas aider les choses. Mais maintenant que Holly avait retrouvé un semblant d'assurance et s'exprimait de manière cohérente, c'est vrai qu'elle employait bien le vocable d'une professionnelle, de plus debout celle-ci paraissait déjà plus grande et sa station verticale laissait apparaître un corps plus formé que celui d'une adolescente.

Puis, les dernières données parvinrent au cerveaux d' Aïsse, notamment le mot « bibliothécaire ».
Les quelques nuages gris qui s'étaient posés à l'horizon s'ouvrirent sur un ciel de roses, les petits angelots en couche culottes soufflèrent dans leurs trompettes et un millier de petites étoiles de rosée se posèrent dans le regard de la guerrière mongole.

Elle pris les deux mains de sa collègues dans un mouvement d'émotion et se mit à parler à toute vitesse.

« C'est vous ! Vous êtes enfin arrivée ! Mon dieu ça fait une semaine que je vous attend ! Je suis tellement contente de vous rencontrer ! Dans ce cas, je vous amène tout de suite chez le directeur, il ne faut pas le faire attendre trop longtemps vous savez, après il se met à manger des truc bizarre et à danser la salsa ! En avant ! »

Sans perdre une seconde de plus ni prêter attention à l'océan de perplexité dans lequel elle venait de plonger la jolie bibliothécaire, Aïsse tira celle-ci par la main en direction de l'académie.

Toute à sa honte cuisante, Holly ne remarqua pas la soudaine expres​sion(très jolie mais un peu stupide, il faut l'avouer) de parfaite béatitude qui venait de se peindre sur le visage de son interlocutrice.

Ce fut donc avec une extrême surprise qu'elle se sentit secouée par la gigantesque jeune femme qui venait d'emprisonner ses mains dans les siennes. Mais elle se détendit immédiatement en comprenant soudain que, loin de vouloir lui faire mal, cette étrange demoiselle faisait juste preuve d'un enthousiasme débordant à l'idée qu'une bibliothécaire soit arrivée. Heureuse de découvrir une autre passionnée de travaux de plume, Zeph se prit à sourir aux anges, oubliant d'un coup toute la crasse dont elle était couverte. Au moins, elle était assurée de trouver une interlocutrice instruite, apte à parler littérature durant des heures avec elle!
Elle laissa par contre échapper un petit cri de stupeur en se voyant entraînée à la suite de sa guide auto-proclamée et salvatrice et n'eut que le temps d'aggriper son sac avant de partir à sa suite, marchant tant bien que mal sur le sol spongieux avec ses talons. Au bout d'un moment, cependant, elle décida de s'arrêter et passa une main dans ses cheveux en bataille.

"Attendez, mademoiselle! Qui êtes vous? je ne connais même pas votre nom! Vous connaissez Mr le Directeur?? Est-il aussi bizarre que ça? Les élèves aussi?"

Une farandole de questions dansaient dans sa tête en se poussant du coude, générant un joyeux chahut dans lequel elle s'efforçait de remettre de l'ordre.

Emportée par son enthousiasme, Aïsse marchait gaîment dans les sous-bois délimitant la frontière entre le domaine des dryades et celui des nymphes. Elle tenait sans la sentir la main boueuse et tiède d' Holly et savourait le tempo spongieux de leurs pas. Jusqu'au moment où, sans prévenir, la petite main de la bibliothécaire s'échappa de sa grosse paluche pour venir supporter l'énorme sac de randonné que celle-ci portait maintenant à bout de bras.

La blondinette passa une main dans ses long cheveux ébouriffés, avant de prendre la parole :

"Attendez, mademoiselle! Qui êtes vous? je ne connais même pas votre nom! Vous connaissez Mr le Directeur?? Est-il aussi bizarre que ça? Les élèves aussi?"

Confuse d'avoir oublié dans son élan de joie les règles les plus élémentaires de la politesse, le jeune femme s'empressa de répondre. Elle était peut-être Tatar, mais barbare, loin s'en faut !

« Oh ! Bien sûre, faisons une petite pause, c'est vrai que vous n'êtes pas tout à fait en état de parcourir le kilomètre qui nous sépare encore de l'école. Eh bien, mon nom est Aïsse Komen, fille de Nadeshiko Komen et de Karluc Soleimian, je suis la surveillante en chef de l'académie,  c'est donc moi qui m'occupe d'administrer les sanctions disciplinaires aux étudiants, sauf pour les exclusions qui sont la prérogative du directeur, je suis aussi responsable du dortoir des filles et c'est moi qui m'occupe des approvisionnement...voilà pour le moment. »

La jeune géante s’arrêtât une seconde pour retrouver les questions posés par la petite bibliothécaire.

« Pour le directeur ne vous inquiétez pas, je suis un peu du sud si vous voyez ce que je veux dire, enfin, chez moi c'est plutôt les gens de l'est qui sont portés sur l’exagération. C'est vraiment un homme bon, quand mon contrat comme surveillante s'est terminé dans le collège où j'étais, on m'a dit d'aller le voir, et après un petit entretien il m'a tout de suite offert le poste à l'académie ! Bon après il a ses petites bizarrerie, mais pas plus que n'importe qui. Une fois qu'on s'est habitué à entendre parler quelqu'un qui a l'apparence d'un gosse de dix ans avec la voix d'un vieux sage, en faite il est tout à fait charmant ! Après pour les élèves...comment dire... »

Aïsse laissa sa phrase en suspens, entre les différentes espèces, les pouvoirs magiques et les drames adolescents, elle ne savait pas vraiment par où commencer.

La titanesque mais néanmoins jolie jeune femme sembla surprise d'entendre le son de sa voix et s'arrêta d'un coup en la dévisageant puis se présenta à toute vitesse, si bien qu'Holly eut un peu de mal à la suivre, mais elle retenut l'essentiel: son interlocutrice s'appelait Aisse, elle était surveillante à l'Académie et il restait un kilomètre de marche pour arriver aux bâtiments de cours. La frêle bibliothécaire retint un long soupir. Elle allait devoir épuiser tout son stoc de bandages pour soigner ses pauvres pieds ce soir, décidément!

Lorsque l'Asiatique évoqua le directeur, Zeph gloussa discrètement. Voilà un petit personne qui promettait d'être étonnant, décidément! Elle avait hâte de le rencontrer!


"Après pour les élèves...comment dire... »
-Si vous voulez parler des petits fauteurs de troubles, je saurai les remttre à leur place correctement, soyez en sûre! Et au pire je pourrai toujours faire appel à vous, non? Vous m'avez l'air assez douée pour ça."

Elle lui adressa un grand sourire. La nouvelle arrivée aimait bien la présence rassurante de la surveillante et sentait déjà naître les bases de ce qui pourrait peut-être devenir une belle amitié.

Un éclair de lucidité lui traversa soudain l'esprit. Et pourquoi ne pas invoquer un familier pour aller plus vite sur son dos? Elle en avait la capacité, arès tout! Alors pourquoi ne pas s'en servir?
Elle plaça ses mains devant elle et pensa très fort à un cheval, mais son esprit fut dévié jusqu'à son père qui lui parlait souvent des ballades équestres qu'il faisait lors d'un de ses voyages en Roumanie. Et, son père étant associé dans sa mémoire à la quantité phénoménale d'insectes qu'il élevait dans leur salon, une gigantesque chenille de papillon machaon de 6 mètres de long se matérialisa devant les deux jeunes femmes.

"Ouhla! Je... Je suis... J.. ... Désolée! Euh... Vous voulez monter? Comme ça vous nous guiderez euh... Ce... Sera plus rapide et moins fatiguant!"

Ses joues étaient en feu quand elle prit place sur le dos doux et légèrement spongieux de l'invoquation, puis tendit la main vers sa guide.

La jeune femme pris dans la sienne la main qui lui était gentiment tendue mais ne se laissa pas hisser tout de suite. Elle regardait d'un œil circonspect  la créature volante. Aïsse était fondamentalement une chasseuse, une coureuse; une femme de la plaine. Elle n'avait jamais été atteinte de vertige en tant que tel, mais il faut dire qu'elle ne s'était jamais mise en situation d'en être victime. Le plus haut sommet que les déplacements de son père lui avaient fait gravir était une colline somme toute assez plate, et les acrobaties les plus aériennes qu'elle ai effectué à ce jour avait était : changer une ampoule et fixer le sommet de la yourte familiale... les deux n'ayant requit que de monter sur un escabeau.
Le fait d'être séparée du sol lui semblait contraire à sa nature profonde.
Elle se laissa finalement convaincre par le regard innocent et les rougeurs de Zelph et finit par s'installer à califourchon sur le corps poilu de l'invocation. La gorge nouée. Elle essaya de calmer son angoisse objectivement ridicule mais subjectivement bien présente en relançant la conversation.

" Je vois que nous avons un autre point en commun, moi aussi je suis invocatrice...c'est un familier contractuel ou un esprit libre ? "

Elle flatta doucement le flanc étonnement rêche du machaon en attendant la réponse. Suppliant mentalement la bestiole de ne pas partir butiner sur un coup de tête en les envoyant valdinguer. Pour ce qu'elle en savait c'était tout à fait possible, c'est vrai ça comment ça pense un papillon ?