Devant la salle de classe [avec Sylvan]

*J'ai tué un prof? Non Non c'est pas possible! Je ne peux pas avoir fait ça!*

Une voix rompit sa pensée:
« Hoy, Gabriel. Regarde-moi. Tu me reconnais ? »

La professeur qui l'avait interrompu durant son entrainement nocturne. Que fessait elle là, quand était elle arrivée?  Toutes ses questions se posaient. Les yeux du jeune homme se posèrent sur Soyo et voyant le canidé calme à son contact, la raison de son stress commença à disparaitre. Ses traits de détendirent. Un animal sent si vous avez fait du mal, il ne serait pas aussi calme à son contact s'il avait tué son professeur.
La sensation de ses ailes sorties le ramena à la réalité, regardant droit dans les yeux sa professeur, il s'empressa de les rétracter, se sentant découvert en cette situation.

Gabriel posa sa main légèrement tremblante sur Soyo, il se redressa.

"...Oui... Madame" Il déglutit chacun des mots difficilement
"Qu'est il arrivé à monsieur Karov?"

Tout était encore confus dans la tête du jeune homme. L'entrainement, la discussion et un choc... Plusieurs chocs, et une envie de survivre...
Gabriel caressa de manière stressé la tête de Soyo.

Ingrid ne fit aucun commentaire en voyant les ailes se rétracter et disparaître. Elle n'en était plus à un lot de bizarreries près.

"Qu'est il arrivé à monsieur Karov?" 

Le gamin était clairement paumé et le regard qu'il jetait à Sylvan était éloquent. Il avait pas l'air de se souvenir de grand chose, choqué comme il était.
Soyo appréciait visiblement les grattouilles nerveuses qui parcouraient sa tête. La jeune femme sourit brièvement.

« T'as rien fait de mal, gamin. Il t'a soigné et ça l'a mis k.o. »

Elle se releva pour retourner auprès de son collègue, vérifiant une fois de plus le faible pouls qui pulsait à peine sous ses doigts. Un soupir lui échappa finalement.

«  Je sais que c'est pas évident de te demander ça  après tout ce merdier, mais si tu peux j'aurai besoin de ton aide pour le porter...»

Prenant une inspiration, la jeune femme se baissa pour passer le bras du mage par-dessus ses épaules, le redressant en posture assise. Elle releva les yeux vers Gabriel.

« Tu peux marcher ? »

Gabriel stoppa la série de grattouilles par une caresse un peu plus apaisée.

« Tu peux marcher ? »

Il se redressa totalement, regardant rapidement ses jambes comme si son corps lui disait qu'il pouvait courir un marathon mais que son esprit lui hurlait de ne pas faire un seul mouvement sous peine de tomber. Une sensation de choc contre des brique lui fit frissonné le dos, et après un pas hésitant vers sa professeur il lança un amenuisement de la tête avant de parcourir la distance qui les séparaient.

Il tendit la main vers Sylvain, voulant imiter Igrid et l'aider à soulever c'est amas de chair et de métal inerte. Alors que sa main s’apprêtait à attraper le bras de son professeur, un flash lui revenue:
Sylvain lui posait des questions et n'obtenant pas de réponses le satisfaisant, il souleva Gabriel le menaçant de le tuer... S’apprêtant à le tuer!
Il revécut en un éclair cette scène comme vécue de l'extérieure

Gabriel paniqué retira sa main et recula rapidement, bouscula Soyo ce qui faillit le faire trébucher.
Regardant son professeur à terre, avec un regard sans expression, ni haine, ni véritable peur, ni incompréhension...

"Pourquoi?..."
Il eut un silence, puis il repris plus clairement et plus fort.
"Pourquoi a t il voulut me tuer? Pourquoi ne l'a t'il pas fait alors qu'il le désirait? Pourquoi m'a t il soigné? Pourquoi a t il réagit ainsi?"

Il lança un regard à Ingrid comme s'il lui en voulait d'être intervenue, pourtant c'était contre lui même qu'il s'en voulait de ne pas avoir su calmer, convaincre et apaiser son mentor, il avait pourtant ressentit sa peur, mais trop tard pour réagir.

Et merde.
Il paniquait, reculant, se débattant avec lui-même. Soyo jappa en se faisant bousculer, avant de s'éloigner vite-fait, la queue entre les jambes. L'incompréhension figeait son regard dans celui de la guerrière.

Ingrid appela d'une voix ferme :

« Gabriel, écoutes-moi ! »

Elle aurait aimé lui laisser le temps de se remettre, mais du temps il n'y en avait pas. L'ironie en aurait presque été drôle si la vie de son collègue n'était pas au bord du fil.
Mais bon, le gosse dans cet état n'arrangeait clairement pas le problème.
La jeune femme reprit plus doucement, maintenant fixement ses yeux dans ceux de Gabriel.

« Du calme, respires... »

Elle attendit une légère amélioration avant de poursuivre :

« Je sais pas ce qu'il lui a pris, gamin. Il... l'a regretté, c'est tout ce que je peux te dire. »

L'expression perdue de Sylvan, ce regard obscurci de fantômes, elle l'avait encore sur la rétine.
Réajustant sa prise en grognant, elle ajouta.

« Mais si tu veux une réponse, va falloir l'embarquer à l'infirmerie. De suite. »

Ingrid se leva lentement, soulevant son collègue affaissé comme un mannequin de sable. Le mage était lourd, mais elle avait connu pire. Le déplacer serait une autre affaire.
Elle reporta à nouveau son regard sur Gabriel.

« Tu me raconteras en route ce qu'il s'est passé, ok ? »

« Mais si tu veux une réponse, va falloir l'embarquer à l'infirmerie. De suite. »

Le regard gris d'Ingrid lui faisait face, la fatalité du moment semblait palpable.

« Tu me raconteras en route ce qu'il s'est passé, ok ? »

Gabriel esquissa de la tête.
Après un mouvement hésitant et à contre cœur et il s'approcha du vieux mage. Contemplant le corps inerte de cet être sans sentiments apparents.
Prenant son courage à deux mains, il saisit le bras libre du mage, d'une main ferme et le bascula sur son épaule accompagnant le mouvement de sa prof vers l'infirmerie.

Sur le trajet il ne pu se retenir de jeter des coups d’œils furtifs à l'état de Sylvan et de guetter une réaction dans le regard d’Ingrid à chaque respiration difficile de son collègue.