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 Welcome back (pv Sylvan)

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Ingrid Koothran
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Ingrid Koothran


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MessageSujet: Welcome back (pv Sylvan)   Welcome back (pv Sylvan) Empty25.10.18 18:51

Soyo observa son humaine étalée sur le lit. Elle dormait toujours sur le ventre, le visage enfoui dans le creux d'un bras, grondant de temps en temps. Au début il la réveillait quand il l'entendait gronder, mais au bout du trente-deuxième savon il avait compris que c'était pas si grave.
Mais voilà, il avait faim. Et soif. Et très envie de faire pipi. Et elle s'était amusée toute la nuit sans lui et l'avait abandonné et il avait cru qu'elle ne reviendrait jamais alors il avait aboyé comme un fou et le concierge avait ouvert en râlant et l'avait fait sortir et il avait passé la nuit dehors sauf que dehors il y avait des écureuils et des lapins !

Poussant un jappement plaintif, il assista à l'absence totale de réaction de sa maîtresse. Autre jappement et une patte sur le bras, rien. Il aboya, un vague fond de gorge remonta de la guerrière ensommeillée. Tout heureux de voir qu'elle l'entendait peut-être enfin, sa queue balayant l'air plus vite que celui-ci ne pouvait passer, il continua son concerto en « wouf » mineur sur fond d'emmerdement majeur.

« Puta, Soyo... ! »

Ingrid se redressa en grognant, jetant un regard noir au canidé fier de lui. Bon sang c'était pourtant pas compliqué de la laisser dormir trente minutes... Ou six heures, bon, tout était relatif.

Se levant en chassant la boule de poils du pied, elle passa la main dans ses cheveux emmêlés, les yeux encore plissés d'un sommeil réparateur quoique interrompu. La journée avait toujours de beaux restes. S'allumant une cigarette elle s'affala devant la chaise aux abords de la fenêtre, le maillot qu'elle n'avait jamais rendu à Sylvan sur le dos.

Le coaltar encore bien présent, la jeune femme avait l'impression que le matin même avait eu lieu un siècle plus tôt. Tout semblait terriblement brumeux et lointain.
Ils étaient revenus, l'école s'éveillant dans le foisonnement de la pré-rentrée, et s'étaient faufilés comme des ados coupables vers les chambres des enseignants. Un dernier baiser et chacun avait franchi sa porte.
… Un dernier baiser...
Oh. Ooooooh.

Ingrid se massa la tempe avec un raclement de gorge embarrassé. Les événements de la veille revenaient en masse. Beaucoup d'événements. Beaucoup de sang, de morts, de fantômes et de malaise. Mais également un mage particulièrement séduisant, des échanges langoureux, et oh dios une sacrée foutue frontière de franchie.
Elle se mordit légèrement la lèvre, qui se souvenait encore très bien des sensations récentes.
Un café, il lui fallait un café.

Se décollant de la chaise, elle piocha sans trop réfléchir dans les fringues propres qui traînaient en boule vers la table. On n'était jamais mieux que dans sa peau. Pas de fichus talons, robes ou laineries bariolées. D'ailleurs, la robe et les boucles...
Hildegarde. Oui, il y avait ça aussi à trier au clair.

Il faudrait plus d’un café.

***

Soyo avait renoncé depuis longtemps, tapissant les graviers de sa flasque présence alors qu'Ingrid achevait un nouveau tour du parc. La course dura encore quelques longues enjambées, avant de finalement se réduire pas à pas.

Après plusieurs cafés, elle était allé au gymnase faire l'inventaire du matériel, mais sa collègue de combat armé était déjà passé par là avec une telle maniaquerie qu'Ingrid n'avait osé toucher à rien. Aussi avait-elle décidé de remettre un peu d'ordre dans sa tête fatiguée.

Maintenant les choses semblaient plus claires alors que son corps se ravivait sous le chaud-froid de l'effort et de la sueur. La nuit précédente gardait encore une aura irréelle, mais entre les murs de l'académie la jeune femme retrouvait un socle tangible, une réalité ancrée dans l'instant qui faisait un bien fou.

Marchant vers Soyo en s'épongeant le front de la main, elle jeta un regard au bâtiment des classes. Les cours des mages se donnaient au premier étage, de mémoire.  
Elle n'avait pas croisé Sylvan depuis son réveil, ni dans la salle des profs, ni dans les couloirs.
Le mage profitait-il aussi d'un repos bienvenu ? Étrangement la guerrière en doutait. Le connaissant il devait probablement vadrouiller quelque part. La nuit avait été rude, pour lui bien plus que pour elle.
A y réfléchir, elle n'avait absolument aucune idée de comment le mage pouvait vivre le moment. Maintenant qu'ils avaient pu reprendre un peu de souffle, reculerait-il ?
Cette pensée la mit mal à l'aise. Bon sang, on s'intéresse à un homme et on se retrouve avec une tragédie grecque sur les bras... Avec un autre elle aurait plié bagages au premier signe de drame.

Son genou se posa à terre alors qu'elle prenait une minute pour grattouiller la tête de Soyo, qui se redressait avec la grâce pathétique d'un torchon suspendu, et en profiter pour se griller un petite clope.

Un soupir lui échappa, puis un sourire bref se nicha au coin de ses lèvres. Avec Sylvan, elle n'avait simplement pas envie de partir, malgré tout le mal qu'elle avait à se l'admettre. Treize ans de vadrouille, ça laisse des habitudes tenaces, et une nuit certes très riche en émotion mais trop fraîchement chimérique avait du mal à faire le contrepoids.

Ses yeux observèrent à nouveau la façade, avant de se plisser en voyant une silhouette s'esquiver derrière une fenêtre à l'étage. Sylvan... ?
Sourcils froncés, Ingrid se releva avec méfiance. C'était peut-être juste un gosse magouillant une connerie, ou un membre du staff curieux. Mais les derniers événements l'avait rendu particulièrement alerte sur les ombres qui rôdent. Rien ne coûtait de vérifier. Elle claqua de la langue, mettant Soyo au garde à vous, et se dirigea vers le bâtiment.
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MessageSujet: Re: Welcome back (pv Sylvan)   Welcome back (pv Sylvan) Empty29.12.18 2:53

Les cloches du village sonnèrent un angélus lointain. Les hauts clochers avaient totalement disparu des paysages ou presque mais bizarrement ce besoin de connaître l’heure avait perduré. Plus personne ne se souvenait à présent que ce son rappelait aux villageois une dévotion aveugle et une soumission sans bornes. A présent la seule chose que cela inspirait était le dérangement sonore d’une journée qui commence. C’est à ce moment que les paupières du mage s’ouvrirent timidement.  Allongé sur le ventre il observait le mur en face de lui qui était éclairé par le soleil. Revenu de son périple avec Ingrid il l’avait quitté à la porte de sa chambre et s’était peu de temps après effondré sur son propre lit. Les draps blancs étaient à présent maculés de sang et c’est avec une certaine peine qu’il réussit enfin à se mettre assis sur le matelas.
L’essentiel de ses activités avait alors été de ranger le bordel qu’il avait lui même causé. Il commença par changer les draps et remettre un semblant d’ordre. C’est en regardant les morceaux de chair durcies qui s’échappait par la bonde de sa douche qu’il prit pleine mesure du massacre de la veille. Consciencieusement il libéra toutes les jointures de leurs fardeaux. Une fois lavé et séché il s’occupa des plaies encore à moitié ouverte. Après une petite séance de couture, satisfait, il s’habilla.

La vie était revenue dans la Maegisteria. Comme si rien ne s’était passée depuis la veille les jeunes gens courraient après le cours qu’ils étaient sur le point de raté. Sylvan ne comprenait toujours pas comment on pouvait arriver en retard dans un pensionnat. Passant au travers du large parc Sylvan s’alluma une cigarette tout en détaillant les jeunes élèves qui se demandaient encore quels cours choisir. Son regard se porta sur le gymnase un peu plus bas et finalement s’en détourna pour monter vers sa salle.

Nouveaux élèves, nouvelles catastrophes. Ou plutôt même catastrophe que l’année d’avant. Aucun demi démon dans le lot mais un jeune elfe un peu trop animé qui avait mis le feu à une des poutres et un guerrier convaincu de sa puissance magique qui avait terminé par mettre son poing dans le mur dans un excès de colère. Les joies du professorat en quelques sorte. S’allumant une cigarette alors que la classe se vidait le mage laissait son esprit vagabondé. Comment était-ce possible d’être aussi vieux et de se faire avoir comme un collégien. Il repensa à ce baiser moins de 24H plus tôt et aussi à cette forêt qui avait entendu ses aveux. Non elle méritait bien mieux qu’un vieil éclopé, ce satané Pavel avait raison. Il se décida à ranger les chaises laissé vrac à l’intérieur de la salle, cassa deux dossiers avec sa main gauche et s’appliqua à les réparer avec la main droite.
Pendant un instant il s’était senti vivre à nouveau. Pas de la même manière que ces dernières années mais réellement. Aucune autre chose n’existait au moment ou leurs lèvres s’étaient rejointes et son coeur s’emballa à nouveau en revoyant Pavel se rapprocher d’Ingrid. Un ado de quinze ans n’aurait pas eu une réaction différentes.
Son œuvre terminée il tira légèrement le rideau de la fenêtre pour observé la porte en contrebas ou la guerrière gratouillait la tête de Soyo. Même aussi loin il pouvait presque sentir sa respiration et profiter de ses prunelles grises. Non c’était lui l’idiot cette fois-ci. Laissant filé le tissu entre ses doigts métallique il se détourna et attrapa sa veste sombre qu’il jeta sur ses épaules.

Il cherchait à descendre les escaliers le plus calmement mais sa jambe de métal était beaucoup plus lourde qu’à l’accoutumé et il fut un peu surpris en voyant la porte s’ouvrir devant afin de découvrir le professeur de combat à main nue précédé de son compagnon à quatre pattes. Il était drôle de la voir comme à son habitude et non dans la tiédeur d’un matin agité et pourtant quand elle arriva à sa hauteur il sembla hésité un moment, lachant un bonjour qui était beaucoup plus proche du grognement que du salut. Jetant un regard par dessus l’épaule de sa collègue il ne cessa pourtant pas d’avancer.
Il ne lui laissa même pas le temps de répondre à ce grognement. Ralentissant à quelques centimètre d’elle sa main droite se posa sur son épaule alors qu’il venait lui volé un baiser par surprise. Loin de la lenteur ou de la délicatesse de la veille celui ci était plus rude et abrupt mais bien réel, il avait une certaine difficulté à croire qu’il venait de faire ce qu’il venait de faire mais en une seconde il se sentait plus léger.

« Désolé pour ça, c’est juste que je voulais être sûr »

Avec l’assurance d’un enfant pris en faute il s’était à nouveau planté dans ces prunelles grises qu’il aimait regardé. C’était juste idiot de le dire mais ce regard lui avait manqué ce matin alors qu’il n’était pas passé en salle des profs par peur de le voir, par peur de devoir réagir, par peur de ne rien faire.

« Nous devrions parler d’hier...enfin de la situation avec Dimitri, le contrat, toi et moi, enfin tu comprends . »

Aussi penaud qu’un jeune garçon le temps le mage était resté à quelques centimètres d’elle. Le temps semblait s’être arrêté. Il redoutait sa réponse. Pour la première fois il redoutait quelque chose, quelle sensation bien étrange.
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Ingrid Koothran
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MessageSujet: Re: Welcome back (pv Sylvan)   Welcome back (pv Sylvan) Empty30.12.18 15:33

En cet instant précis, la ressemblance entre Sylvan et un ours acculé était frappante. Les cheveux bruns à nouveau libres, l’immense stature qui la surplombait des marches… Et le grognement de salutation à geler un nuage.  

La jeune femme reconnaissait là tous les symptômes d’un Sylvan terriblement mal à l’aise. C’était prévisible. Mais elle-même se sentit déstabilisée une seconde quand il continua droit vers elle, leurs lèvres embrassées en moins de temps qu’il n’en fallait pour dire « salut ».
Les douceurs et délicatesses de la veille s’étaient perdues en route, ce baiser-là avait une saveur rude qui contrastait aux souvenirs flottants. Une saveur réelle.

Lorsque le mage se détacha, Ingrid cligna des yeux. Bon, difficile d’être mieux fixée là-dessus.
Un sourire creusa le coin de ses lèvres à l’excuse timide qui suivit. Leur maladresse avait une réciprocité réconfortante, elle se sentait un peu moins bête sans savoir pourquoi.
D’autant plus qu’elle ne savait pas vraiment de quoi il voulait être sûr. Qu’elle ne s’enfuit pas soudain ?
Leurs yeux se croisèrent, la première fois depuis leur retour. Ils avaient été un fil d’Ariane pendant la nuit, lâché à l’aube hors du dédale onirique de leur échappée. Elle retrouvait un peu ce fil, une sensation différente néanmoins. Sa main se posa sur le bras du mage, esquissant un rapprochement.

« Nous devrions parler d’hier...enfin de la situation avec Dimitri, le contrat, toi et moi, enfin tu comprends . »

Oui, elle comprenait.  Il y avait des choses à dire, beaucoup. Mais avant… Sa main resta sur le bras du mage, et elle hésita. S’approcher, l’embrasser. Lui faire signe qu’elle ne fuirait pas, pas maintenant, que ça allait.
Finalement elle lui sourit, simplement.

« Yep. On monte ? »

Alors qu’elle se détournait déjà vers les escaliers, Ingrid se demanda si elle n’était pas déjà en train de fuir, peu encline qu’elle était, ou s’entêtait à être, à se laisser chavirer.
Ouaip, les habitudes étaient sacrément tenaces…

Le premiers étage était vide, pas un chat magique ou un élève à la bourre. Soyo renifla l’air, avant de sursauter au craquement d’un pilier de bois. Le vieux ciment entre les pierres nues s’effritait au sol, les poutres tressaillaient ponctuellement dans le silence. Ingrid jeta un regard. Si Sylvan venait de descendre, a priori personne n’aurait échappé à sa vigilance. Personne de suspect en tout cas.

« J’avais jamais mis les pieds ici. Ta classe est par là ? »

Troisième fenêtre, si c’était là, alors c’était bien lui qu’elle avait vu.
Les cours touchaient à leurs fins, leurs collègues commenceraient bientôt à affluer dans la salle de profs et le petit salon. Pas trop propice à une discussion privée, ni à des baisers égarés. Sans parler du parc où n’importe qui pouvait passer, et les deux professeurs avaient mieux à faire que de gérer des gosses en mal de sensation.

Sylvan la fit entrer dans sa classe. Troisième fenêtre.
Impeccablement rangée, il aurait fallu que la jeune femme soit moitié aussi ordonnée avec l’équipement du gymnase. Mais bon, personne n’était parfait.
La guerrière fit un tour de salle, grillant une cigarette. Par endroits se devinaient les traces de probables accidents magiques. Ou démonstrations ambitieuses. Aux dernières nouvelles personne n’avait encore mis le feu, et à y réfléchir ça tenait sans doute du miracle.

Le goût âcre dans sa gorge allégeait un peu ses pensées.

Finalement, Ingrid s’installa sur ce qui devait être le bureau du mage. Soyo se faufila dessous, et entreprit sans plus attendre d’y faire une sieste amplement méritée.
Ramenant une jambe sur le bois poli, la jeune femme prit le temps de regarder la fumée onduler hors de ses lèvres. Puis ses yeux vinrent dévisager l’homme qui l’avait amenée ici, ces yeux gris si semblables et pourtant ombragés d’abîmes bien différents.

Il y avait beaucoup de choses à dire, quant à savoir par où commencer…
Par le plus simple sans doute.

« Dimitri a bien sécurisé son coup. Même quelqu’un de la haute comme Pavel n’a pas le moindre foutu indice à son sujet… »

La jeune femme eut un soupir froissé. Tant d’efforts pour rien. Non pas qu’elle n’avait pas apprécié de voir cet enfoiré le cul cloué sur des morceaux de verre, mais en termes de résultat, ça n’avait pas été une réussite.

« Retour à la case départ. Je peux peut-être voir si mes frères ont trouvé quelque chose de leur côté, mais ça m’étonnerait… »

Et elle ne voulait pas risquer la peau de Misha, il le faisait déjà très bien tout seul.
Ils leur restaient bien la carte que le contrebandier leur avait donné, mais si un gars comme Pavel ne savait rien de Dimitri, difficile que des troufions de terrain soient mieux renseignés.
Bah, rien n’empêchait d’aller casser quelques mâchoires pour le sport…

Ou pas. Les deux professeurs avaient un boulot à assurer, c’était pas le moment de partir en croisade contre tous les criminels du coin. Et Ingrid n’avait pas envie que le mage récolte encore des cicatrices inutiles, pas pour ses beaux yeux et son envie puérile d’aller défoncer du roublard.
Avec un Pavel humilié et en colère derrière eux, ils en auraient bien assez tôt.

Un nouveau soupir lui échappa, puis elle adressa à son compagnon un sourire ironique.

« C’est dingue, j’ai fait tellement de conneries que je ne sais plus où donner la tête, mais pas moyen de m’en rappeler une seule qui vaille ça. »
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MessageSujet: Re: Welcome back (pv Sylvan)   Welcome back (pv Sylvan) Empty31.12.18 1:35

Cette embrassade de quelques secondes l’avait remplis de joie, comme si à présent tout allait pour le mieux. Il senti sa main qui s’attardait sur sa manche et s’attendait à la voir l’embrasser à son tour mais ce ne fut que son doux sourire qui lui répondit. Ce n’était pas si mal, cet acte valait plus que n’importe quel baiser. Sur sa demande il la laissa s’échapper vers l’escalier désert qui lui rappelait un instant à quel point sa solitude était profonde sans sa guerrière entre ses bras. Il la regarda gravir une à une les marches tout en évitant les éclats de pierre et de mortier qui s’entêtait à vouloir paver le sol.  Loin d’être une tentative de guet appends il s’agissait seulement du bâtiment qui travaillait encore après quelques décennies de bons et loyaux service. Sylvan sourit à la jeune femme qui s’était retournée et une fois dans le couloir lui indiqua la porte de sa salle. Il acquiesca d’un signe de tête et il la suivit à travers le linteau.

Sylvan la regardait bien trop amoureusement faire le tour de la pièce. Telle une ballerine jouant un ballet gracieux et exceptionnel il ne pouvait la quitter des yeux. A vrai dire ses pensées n’écoutaient même pas les pas se répercutant contre le béton et se contentait de regarder le sweat virevolter à chacun des mouvement du bassin de la jeune femme avant de remonter le long de son dos jusqu’à apercevoir la chevelure rousse éclabousser son débardeur. Sylvan détourna complètement le regard quand elle se tourna vers lui en s’installant sur son bureau. Il regarda un instant les traces de suies au plafond avant de s’attarder sur la fenêtre, qu’elle était jolie cette fenêtre.

Elle avait raison ils n’étaient pas beaucoup plus avancé sur la situation de ce Dimitri mais au moins son commerce avec Pavel était enraillé et forcerait peut être le loup à sortir du bois. Sylvan espérait seulement que le coup de force contre Pavel avait suffit à faire reculer au moins les adversaires les moins enclins à venir leur chercher des noises. Peut être avaient ils réussit à gagner un répit bienvenu. Raffermissant l’emprise de son dos sur le mur le mage croisa les bras, la chair en dessous du métal et regarda à nouveau la jeune femme. Après s’être raclé la gorge il commença.

« Peut être n’avons nous pas tout perdu. Pavel est un aristocrate oriental et ça m’étonnerait beaucoup qu’il ait fait confiance à un brigand d’occident pour lui faire gagner de l’argent. Ce Dimitri vient forcément de l’Est. »

Cherchant une cigarette dans sa veste de tissu Sylvan l’alluma et se redressa avant de continuer. Tout en parlant il s’approchait de la jeune femme alors que sa main de métal faisait des moulinets en suivant sa réflexion.

« Ensuite il t’a aussi avoué qu’il ne jouait qu’un rôle mineur, celui de banquier. Il blanchissait de l’argent pour en récupérer le double en bénéfice. Or de ce côté du Danube il n’y a pas une dizaine d’endroit dans lesquelles nous pouvons faire autant de bénéfice. De plus à l’est de la Volga tu sais comme moi que plus rien ne pousse depuis les guerres de la réminiscence, mis à part peut être ces êtres répugnants nés sur des sols irradiés. Notre objectif se trouve donc forcément entre l’axe du Danube et de la Volga. Il nous suffit de trouver où ! »

Bizarrement alors qu’il développait son argumentaire il se trouvait particulièrement intelligent ce qui ne lui était pas arrivé depuis un très long moment. S’arrêtant devant les genoux d’Ingrid il expira une ultime fois la fumée et posa ses mains de part et d’autre de son bassin, en profitant pour écrasé sa cigarette dans le cendrier à la gauche de la guerrière. Son visage à quelques centimètre du sien il avait perdu ses airs grandiloquents et ses yeux gris avait repris leur expression de lassitude habituelle, le tout emprunt d’une certaine lassitude. Il aurait voulu lui donner tort, qu’elle n’avait pas fait tant de connerie que cela mais il avait du mal à voir un réel avenir à ces histoires. L’ennemi semblait solide et lui devenait toujours plus vieux. Mais n’y avait il rien du tout à sauver la dedans ?

Ce qu’il avait osé faire en retrouvant un peu de sa gloire passé, habillé et parfumé n’avait il pas été de trop. Quand elle avait terminé sa phrase son assurance avait été soufflé aussi facilement qu’une bougie par le soupir qui était sorti de ses lèvres. Sa voix rauque ne cachait que péniblement la tristesse que ses yeux transmettaient après les mots de la jeune femme.

« Tu sais...je ne suis pas certain de n’avoir pas fait de connerie qui égale les tiennes mais rien qu’aujourd’hui je n’ai pas envie d’y penser. Pas tout de suite en tout cas. »

Emplis de crainte et d’un soupçon de doute il effleura ses lèvres. Il voulait se convaincre que cet orage dans sa poitrine n’apporterait pas seulement une pluie qui finirait par le noyer.
Après cette caresse aussi timide qu’indolore il se risqua à en produire une autre beaucoup plus longue. Loin de la rudesse de la première fois, dans le couloir, il s’attarda sur ces chairs rosés qu’il voulait protéger de tout heurt. Sa main droite se posa sur la joue de cette femme qu’il voulait sûre et heureuse. Pendant une longue minute il caressa ce visage si parfait et harmonieux, si éloigné du sien. Comment de tels contraires pouvaient-ils se rapprocher ? Lui savait pourquoi il avait finit par combattre mais qu’est ce qui avait bien pu amener un si bel arbre dans une forêt de ronces ?
Une fois son visage détaché du siens il conserva sa main sur sa joue et murmura.

« Cette connerie là en vaut sans la peine...et même si toute une armée voulait ta mort je ne la laisserait pas t’emporter sans avoir mon mot à dire Ingrid. »
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MessageSujet: Re: Welcome back (pv Sylvan)   Welcome back (pv Sylvan) Empty01.01.19 18:11

Les déductions de Sylvan étaient loin d’être stupides, bien qu’Ingrid n’aurait pas été contre une carte pour se faire une idée plus claire. Si elle voyait à peu près d’où est-ce qu’il parlait, ses souvenirs de la zone restaient assez approximatifs quant aux frontières. Quelque chose tiquait néanmoins, comme un assemblage qui attendait d’être fait…

Le mage prit appui face à elle, assez penché pour mettre ses réflexions entre parenthèses. Il sentait le tabac, elle aussi sans doute.
Son cœur pinça en voyant la lassitude qui revenait peser sur les traits de Sylvan, cette noblesse désabusée des premiers jours. Comme si chaque sourire qu’il avait retrouvé se voyait balayé parce qu’elle n’était pas foutue de garder sa langue dans sa poche.
Merde, ce n’était pas… Ce qu’elle avait voulu. Sauf qu’elle n’était pas bien sûre de ce qu’elle voulait.

Elle aimait la vie qu’elle s’était bâtie ici, à l’académie, et il en était partie prenante. Plus encore. Mais Ingrid ne pouvait pas promettre le toujours et le jamais, ce genre de serment n’avait guère crédit à ses yeux. La vie était championne de sa propre arène, elle mettait k.o sans préavis et se fichait bien des promesses.
Et treize ans à voltiger seule à l’ombre du monde n’avaient rien arrangé.

« Tu sais...je ne suis pas certain de n’avoir pas fait de connerie qui égale les tiennes mais rien qu’aujourd’hui je n’ai pas envie d’y penser. Pas tout de suite en tout cas. »

Le baiser retrouva la caresse familière de la nuit, timide d’abord, puis prenante. Un contact mélancolique qu’elle ne refusa pourtant pas, apprivoisée par la paume sur sa joue et le souvenir d’une longue nuit de peine. Ensemble.
Sa main reposait le torse du mage, écoutant son tambour lent, et ne le quitta pas lorsqu’il s’éloigna finalement. Son souffle le frôlait doucement, suspendu à ses lèvres malgré les craintes qui lui disait de reculer avant de le décevoir, décevoir la foi qu’il plaçait en elle et qu’elle n’était pas sûre de mériter.

« Cette connerie là en vaut sans la peine...et même si toute une armée voulait ta mort je ne la laisserait pas t’emporter sans avoir mon mot à dire Ingrid. »

Son regard était comme de l’orage, brut, comme un voile, fatigué, comme un baiser encore, un toucher de velours dans des yeux de fer.

Les mains d’Ingrid se saisirent du col du mage et abrégèrent vivement les quelques centimètres qui les séparaient à nouveau. Elle n’arrivait pas à être douce, ses lèvres brûlaient avidement contre les siennes, cherchaient leur force dans un long élan de désespoir.
Ses doigts de chair quittèrent le tissu pour glisser dans les cheveux bruns, prolongeant encore leur échange, approfondissant le plaisir autant que les battements sourds dans leurs deux poitrines.

Le temps se perdit, délaissé dans la clarté pâle de la classe.

Lorsque la jeune femme rouvrit finalement les yeux, leurs visages à peine séparés, leurs souffles mêlés dans la proximité, elle murmura à son tour :

« J’ai jamais dit que ça, c’était une connerie… »

Bien qu’elle ne pouvait prétendre ne pas l’avoir pensé. Mais quelque chose lui disait que là, maintenant, ses doutes n’avaient pas vraiment d’importance. Ne pas y penser, pas aujourd’hui, pas tout de suite.
Elle ne savait pas quoi faire, comment faire. Elle voulait juste qu’il soit là, c’est tout.

Sa main descendit d’une caresse dans la nuque de Sylvan alors qu’elle le contemplait un instant, ce visage impénétrable dont pourtant rien ne lui échappait.
Cet homme était en danger, à chaque baiser elle l’entraînait un peu plus dans un combat auquel elle-même ne comprenait rien. Tant qu’elle n’en saurait pas un peu plus sur ce foutu Dimitri, tant qu’elle aurait encore le Val d’ombre estampillée à côté de son pseudonyme.
Et pourtant… Elle inspira et se recula légèrement.

« Je… »

Ingrid s’interrompit, l’air aussi interloquée que si son compagnon s’était transformé en licorne. Le Val d’Ombre. Mais quelle fichue crétine, Roja.

« Tu es un génie, Sylvan, et je suis une extraordinaire idiote. »


Face à l’interrogation qui se peignait sur son visage, un léger sourire passa sur les lèvres de la guerrière, puis un froncement de sourcils alors que la réflexion achevait son chemin. Elle se releva, manquant de se cogner à la haute silhouette.
Ses jambes se dégourdirent quelques pas alors que sa main cherchait, réflexe, son paquet de cigarette.

« J’ai fait mon nom d’arène sur une décennie, mais aussi loin que cette fichue histoire a commencé, tous ces enfoirés ont surtout parlé du Val d’Ombre. S’il y a bien un endroit où j’ai fait parler de moi, c’est là-bas. Donc selon toute probabilité, s’il y a bien un endroit où ça a commencé avec Dimitri… »

Pas besoin de finir sa phrase, ça coulait comme source au printemps.

« Et je te laisse deviner où se situe le Val ? »
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Sylvan Karov
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MessageSujet: Re: Welcome back (pv Sylvan)   Welcome back (pv Sylvan) Empty01.01.19 23:57

C’est quand il se fut détaché qu’il se rendit enfin compte qu’elle ne parlait pas de lui, d’elle ou d’eux tout simplement. La surprise qui l’attaqua quand elle saisit son col ne dura que quelques fraction d’une seconde trop longue avant qu’ils se rejoigne à nouveau. Fondant comme neige au soleil il partageait la même rudesse et s’éveillait du même feu qui déchirait sa poitrine à ce moment précis. Combien de temps pourraient-ils profiter d’un tel moment ? D’un tel calme ? Dans la classe sans vie les deux êtres ne se détachaient pas, ne serait ce que pour respirer. Quand elle le regarda il resta des plus stoïque en contemplant ces yeux d’acier qui le faisait rêver, les caresses sur sa nuque le faisait frissonner. Comment était ce possible qu’après tant de décades, il se laissait toucher, s’éprenait d’une femme. Cet attachement ne pouvait pas le mener à sa perte, il ne ferait que le rendre plus fort et comme à l’habitude la situation était des plus aisés à ce moment précis. Perdu dans son regard, les doigts de cette femme dans son cou il aurait pu rester ainsi une éternité.

Le moment de magie trop rapidement terminé la jeune femme bondit du haut de sa vigie. Elle fit quelques pas en parlant à tout rompre et s’immobilisa devant son compagnon une fois son œuvre accomplie. Le mage n’était pas certain d’être un génie et si sa réflexion pour elle faisait sens pour lui c’était plus compliqué. Il avait bien compris que tout devenait clair pour Ingrid et il recolla les morceaux le plus rapidement possible. Prenant donc sa place sur le bureau il tendit un peu les jambes en la regardant faire quelques pas. Au moment où sa question flotta dans l’air il envoya comme réponse son propre paquet à la jeune femme qui avait un peu de difficulté à trouver le sien qui était vraisemblablement tombé sous le bureau mais qu’ils n’avaient pas remarqué. C’est en regardant l’allumer qu’il lui répondit d’un ton assez calme mais pas forcément sûr de lui.

« Je dirais entre le Danube et la Volga ? »

Alors que ses yeux regardaient avec un certain questionnement le visage d’Ingrid les rouages de son esprit se mettait en branle. Aussi sûrement qu’une mécanique bien huilé il essayait de repérer dans sa mémoire chaque détail qui pouvait lui servir. Récupérant son paquet de cigarette avant d’en allumer une il continuait de penser. Il toussa légèrement et souffla au plafond.
Le val’ombre était presque une légende pour lui, jamais il n’y avait mis les pieds et son existence était presque aussi proche de la sienne que celles des licornes avant la réminiscence. Même aujourd’hui elles restaient difficiles à trouver. Si ce val se situait bien comme il le pensait entre les monts d’ors et la vallée des elfes ça poserait de nombreux problème. Situé dans l’ancienne Ukraine cette partie du monde n’était gouvernée par personne et essentiellement peuplée d’anciens réfugiés qui avaient reconstruit une société bancale où seule la force était un argument recevable.

« Tu suggères que toutes les réponses se trouve au val ? Tu imagines la logistique que nous allons devoir mettre en place pour nous y rendre ? »

Le mage s’était alors levé pour marcher vers la guerrière. Si elle avait raison ce ne serait pas de tout repos. Là bas il n’y avait aucune base, aucune tête de pont qui pourrait les aider et au-delà de cela, tout le monde la connaissait et il était à parier que d’autres personnes le connaissait également. Énorme plate forme du marcher noir c’était le seul endroit ou un mage noir pouvait espérer faire ses affaires sans y être démasqué ou du moins inquiéter. Un tel voyage ne se décidait pas sur un coup de tête. Sa cigarette entre l’index et le majeur de la main droite il prit la jeune femme par les épaules et la regarda à nouveau dans les yeux.

« Si j’ai bien suivit tu sous-entends que tu vas te rendre là-bas confronter Dimitri ou du moins chercher des informations sur lui ? Dans une ville ou tu es aussi connu que le roi des elfes ? Où à peu près la moitié de sa population te veux du mal ? »

Sans vraiment attendre de réponse le mage la lâcha et fit de grand gestes en s’expliquant.

« Sans compter que faire un portail pour les carpates ça se fait sans réfléchir mais là bas il faut traverser le territoire elfique, en en sortant vivant si possible. »

Il passa la main dans ses cheveux et tira plus qu’il ne l’aurait voulu sur sa cigarette. Avant de réciter comme le ferait un élève de primaire.

« Un os brisé pour chaque branche cassé, c’est cela la loi chez les elfes. A moins de prendre le bâteau ce qui nous est impossible puisque nous devons être ici. Honnêtement Ingrid je ne vois pas vraiment de solution. »

Pour la première fois Sylvan semblait douter, on pouvait remarquer que le soldat était avant tout soldat avant d'être stratège. Regardant la jeune femme de ses prunelles grises il était certain qu'il n'attendait qu'une chose, qu'elle lui apporte la solution espérée. Dans tous les cas il ne la laisserait pas y aller seule.
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MessageSujet: Re: Welcome back (pv Sylvan)   Welcome back (pv Sylvan) Empty02.01.19 17:45

Soyo éprouvait un bonheur sans nom à tapisser la fraîcheur du sol de classe. Pas d’odeurs étranges qui venaient remuer ses narines, pas de bruits soudains qui relâchaient sa vessie, pas de maîtresse qui l’abandonnait à nouveau. Non, vraiment, c’était le spot de sieste idéal.
Le berger allemand eut un brusque sursaut quand un paquet de cigarette lui tomba sur la tête.
La truffe outrée de cet attentat au sommeil, il vit son humaine parler en marchant, son bout de feuille qui sentait fort entre les doigts. Puis l’autre bipède, celui qu’elle aimait bien, et que lui aussi aimait bien, parce qu’il lui faisait des gratouilles derrière l’oreille, et que lui il aimait les gratouilles derrière l’oreille… L’autre bipède, donc, se mit à gesticuler et faire de grands mouvements. Il était très haut et très imposant, et Soyo crut qu’il allait s’énerver contre sa maîtresse bien aimée.
Mais elle semblait calme, pas du tout effrayée, alors le chien reposa sa tête au sol.
Elle était forte, son humaine ; elle n’avait jamais peur de rien.


Ingrid écouta en silence les protestations du mage. Sylvan s’emportait un peu, mais ses inquiétudes étaient légitimes : ça s’annonçait être un putain de gros merdier.
Si le puzzle s’assemblait enfin, ça n’enlevait rien aux obstacles qui se présentaient, bien au contraire. Maintenant que la piste était trouvée, il fallait parvenir à la suivre. Et ça allait demander plus d’un tour de force.
Son regard soutint celui de de son compagnon, son interrogation à laquelle elle n’avait pas de réponse, pas tout de suite. Elle avait besoin de réfléchir.

Son attention se porta sur la fenêtre un moment, la vue imprenable sur le parc après une journée trop courte.
Sylvan la suivrait, bien sûr, quand bien même elle lui dirait de ne pas venir. Peut-être valait-il mieux ne rien dire, juste partir le jour venu avant qu’il ne se retrouve emporté là-dedans…
Fut un temps cette solution se serait imposée d’elle-même, mais la jeune femme sentit sa propre réticence à cette idée. Paradoxalement, elle l’était tout autant à l’emmener là-bas.

Qui essaies-tu de protéger, Roja ? Lui, ou toi ?

Portant à nouveau son regard sur le mage, songeuse, inhabituellement incertaine, elle prit finalement une autre bouffée. Sa contenance revint comme si elle n’était jamais partie.

« Le trajet je l’ai déjà fait, aller-retour. Il y a des passages que les cartes ne connaissent pas. »


Et bon, pour peu qu’on soit aimable, les elfes l’étaient aussi. La plupart du temps.

« Le vrai problème, c’est d’entrer. »

Il y a cinq ans, elle avait descendu en rappel la paroi de la faille nord. Il y avait cependant peu de chance que la voie soit encore praticable.

Ingrid eut un soupir et alla faire tomber les cendres de sa cigarette sur le cendrier du bureau.

« Je suis partie il y a trois ans, et à chaque nouveau champion les règles de la ville changent. Faut que je trouve qui détient le trophée en ce moment, et comment il en use… »


Le monde souterrain était régi par une seule loi, celle du plus fort. Et le plus fort, c’est celui qui survit. Chaque année l’arène décidait d’un nouveau maître incontesté, jusqu’à ce qu’il perde sa couronne par choix, ou par défaite.

Et quant à se renseigner…
Première leçon du Val, pas d’amis, que des alliés.
Des exceptions il devait y en avoir, il y en avait toujours, mais la guerrière n’avait pas pris le risque de s’y ouvrir ; pour changer. Maintenant elle risquait d’en faire les frais. Rien ne lui disait qu’Ariane, Flandre ou encore Viktor lui fileraient un coup de main au nom du bon vieux temps, même après s’être quittés en bons termes.

Mais on revenait toujours au même point : pas le choix, Roja.

Ingrid s’appuya à nouveau contre le bureau et regarda Sylvan. Sans trop qu’elle sache pourquoi, là, maintenant, elle nota une fois de plus qu’il était beau.

« Ça va demander des mois de préparations, et c’est pas plus mal…  Ça me laissera le temps de te briefer, moi de me remettre dans le bain.»

Elle essaya d’enfermer ses doutes sous clé, ravivés à l’idée d’évoquer ce passage de sa vie dont elle n’avait pas honte, mais qu’il ne comprendrait sans doute pas.

Ingrid ne s’embarrassait pas des regrets et des mauvais moments, mais elle avait fait des conneries peu racontables, contre elle-même surtout, peut-être contre les autres. Merder dans les grandes largeurs à l’échelle Sylvan Karov ? Nan, pas jusque-là. Les histoires qu’elle avait laissé au fond du Val, néanmoins, et les erreurs enterrées au fond d’elle-même, elle ne tenait pas à y repenser. Les partager, et pas à n’importe qui, encore moins.
Sylvan ne la jugerait probablement pas, elle le savait. En comparaison des tourmentes qu’il avait affronté pendant vingt ans, c’était du petit lait. Mais même pour elle il était difficile de ne pas regretter certaines choses. Son inconscience de l’époque, l’indolence du triomphe, les dégâts niés…

La guerrière regarda un instant la cigarette se consumer entre ses doigts, avant d’en prendre une ultime bouffée. Elle n’avait pourtant pas tant changé que ça. Un peu quand même.

Mais ce ne serait pas pour maintenant, pas tout de suite. Pas aujourd’hui, comme il l’avait dit. Ils avaient quelques mois, de répit, pas sûr, de sursis, certainement.
Et ils avaient autre chose auquel penser.
La jeune femme sourit au mage et ajouta :

« Et ça nous laissera du temps tout court… »

Pour eux aussi, elle avait besoin de temps, et pourtant elle sentait qu’elle ne le prendrait sans doute pas. Sylvan la désemparait trop pour ça, trop bien et trop souvent.
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MessageSujet: Re: Welcome back (pv Sylvan)   Welcome back (pv Sylvan) Empty02.01.19 21:37

Sylvan avait toujours eu du mal à comprendre la manière dont se jouait la politique dans cette ville et les nuages qui traversait le regard de la jeune femme n’était pas vraiment pour le rassurer. Il était vrai qu’elle avait été championne de cette arène donc elle en connaissait les mécaniques mais une meute de lion n’aiment pas qu’un de leur ancien champion revienne. Quand il part c’est pour toujours. Néanmoins le mage voyait les choses d’un point de vue beaucoup plus pragmatique. Si il fallait chuter dans la faille du val pour permettre à la jeune femme de vivre une vie sans heurt et tranquille à la Maegisteria ou ailleurs alors il sauterait sans hésiter. Un autre problème s’imposait alors de lui même. Se battre était chose aisé, se battre sans aucune magie n’était pas un soucis en sois il avait une jambe et un bras de métal qui était bien capable à eux seuls de faire le boulot. Le plus dur était de se battre à ses cotés. Comment prendre des choix raisonnés quand la mission passe au second plan ? Il n’avait jamais su le faire.

En regardant la chevelure de sa collègue il se persuada que le moment n’était pas venu pour y réfléchir, il avait des mois devant lui pour réfléchir à cette problématique et un retour aux sources était plus que bienvenu. Il regarda un instant sa main de métal qui peinait à s’ouvrir et se fermer et se demanda si il n’était pas venu de tirer un trait sur cette vieille mécanique. Sa jambe poserait plus de problème, même aujourd’hui il était impossible de la remplacer. Son architecture unique faisait sa plus grande force mais aussi sa plus grande faiblement. Inutile de penser à l’agilité il fallait opter pour la bonne vieille puissance brute.

Perdu dans ses pensées, les yeux fixés sur la crinière de sa collègue il perçu de très loin ses derniers mots et resta sans réactions quelques secondes. Il était vrai que cette situation menait irrémédiablement à des réflexions, réflexions qu’il ne voulait pas faire pour le moment. Pourquoi fallait il toujours tout compliqué ? Pourquoi fallait il se demander le pourquoi du comment ? Son manque d’attache ces derniers vingt ans l’avait rendu totalement incapable de gérer ce genre de situation. Tapotant le mégot fumant entre ses doigts il se contenta de murmurer.

« Nous ? »

L’interrogation était à peine audible et lui même avait du mal à s’entendre le dire. Il était vrai que dans le feu d’une bataille ou sous les tristes chandelier d’une piste de danse ce mot venait naturellement à l’esprit mais dans l’obscurité relative d’une salle de classe il avait du mal à se le figurer. Se rapprochant de la jeune femme il jeta ce qui restait de son mégot et posa sa griffe de métal sur son épaule en essayant de capter ses yeux.

« Nous avons tout le temps qu’il faut. Malgré tout ce qui se passe personne ne peut t’atteindre ici tu sais ? »

Il ne faisait même pas référence à une quelconque puissance magique ou à l’épaisseur d’un mur mais seulement au havre de paix que représentait cette école. Loin de tous ces dangers autrefois quotidien même le vagabond qu’il avait été se sentait une âme sédentaire et le feu chaleureux que représentait la guerrière lui laissait entrevoir une vie presque normale. Non ce n’était pas un simple sursis, ou alors il avait le goût de la véritable liberté.

« Même le pire des chasseurs de prime ne pourra m’empêcher de passer de vrais instants avec une femme que j’aime Ingrid. Qu’il s’appelle Dimitri, Pavel ou quel que soit son nom. »

Ramenant doucement sa main de chair sur la joue de sa bien aimée il posa un baiser fugace sur ses lèvres alors que Soyo remuait légèrement sous le bureau de noyer. Peu de temps après s’être détaché il remettait cela mais plus longuement. Il se sentait comme un jeune adolescent essayant de prolonger un moment qu’il ne voulait pas voir terminer. Les doigts d’acier sur la hanche d’Ingrid alors que sa paume était posé à la cime de son cou il ne pensait à rien d’autre. Quand il se détacha il se contenta de sourire avant de murmurer.

« Si nous laissions tout cela pour un autre jour  et que nous gardions seulement les choses sur lesquelles nous avons du pouvoir ? »

La fuite en avant, autre spécialité du vieux mage.
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MessageSujet: Re: Welcome back (pv Sylvan)   Welcome back (pv Sylvan) Empty03.01.19 1:44

« Une femme que j’aime ».
Ingrid se raidit à la phrase, prise d’assaut par un malaise montant. Qui aurait cru craindre des mots d’amour, trop rapides, trop plein de conséquences ; presque un piège.
Elle ne pouvait pas reculer, le bureau derrière elle le lui interdisait. Pas de fuite, pas d’esquive. Pas cette fois.
Les lèvres du mage suspendirent tout, et malgré la tension qui avait figé son corps, ses muscles se relâchèrent en même temps que son esprit. Elle reçut le baiser, le rendit, laissa un frisson monter au contact de la main qui se posait sur sa hanche. Une main de fer, mais Sylvan quand même.

« Si nous laissions tout cela pour un autre jour et que nous gardions seulement les choses sur lesquelles nous avons du pouvoir ? »

Il avait raison, somme toute. Laisser tout ça et oublier, un jour, un temps, que le monde voulait leur mort. La vie c’était ces instants-là et si après le Val, ils y seraient encore, alors la question d’avenir elle se la poserait.
Pour le moment ils avaient quelques mois, cinq, six, peut-être plus, peut-être moins. Une parenthèse dans sa vie qui, quand elle se fermerait un jour, ne se ferait pas dans le regret d’avoir été trop lente ou trop lâche.
Sylvan en avait conscience aussi, de cette ère éphémère dans les murs de leur monde clos.

Un filet de rire lui échappa finalement, et la jeune femme répondit au mage, une malice éveillée au fond des yeux.

« Tout doux, león… »

Ce n’était pas vraiment de la douceur qu’elle attendait, malgré l’expression, plus un peu de souffle, maintenant et en général. Le temps de s’y faire, on ne devenait pas une romantique passionnée du jour au lendemain.
La plupart de ses relations avaient commencées dans un lit, et la grande majorité n’avait pas durée plus loin. Aujourd’hui elle se trouvait dans les bras d’un homme qui n’avait pas eu besoin de trois verres pour l’intéresser, et plus que tout qui s’était révélé à la hauteur de ce qu’il montrait, et au-delà. Un homme qui arrivait à la suivre, à se tenir à ses côtés malgré leurs différences les plus marquées.

Elle s’approcha de son compagnon, glissant une main sur son torse, et murmura à quelques frissons de son visage :

« Ça m’intéresse, continue… »

Elle scella ses doutes, ses craintes, dans un nouveau baiser. Elle les entendait frapper à la porte et insista de ses lèvres pour mieux faire sourde oreille. Non décidément la douceur, ce n’était pas son fort. Leurs lèvres gagnaient en ardeur, tout comme l’appui de sa main. Ils étaient l’un contre l’autre, devenaient un peu plus inséparables à chaque seconde.
Et dios c’était… C’était…

La longue complainte de Soyo et son corps massif qui passa entre leurs jambes les interrompirent sans autre forme de procès. Vexé de ne pas avoir été convié à toutes ces effusions, le berger allemand frotta jalousement sa lourde tête contre la jambe de sa maîtresse. Non mais, depuis quand on lui piquait son humaine !  

«Soyo… ! »

Passant une main dans sa nuque, la jeune femme eut un raclement de gorge à la frontière de l’amusement et de l’embarras et se pencha pour flatter la bête en mal d’amour.

« Désolée, la concurrence est rude. »

Mine de rien, l’intervention de Soyo lui permettait de reprendre un peu de distance, et de réapprivoiser le rythme de son cœur. Elle réalisa alors que la clarté de la salle avait sérieusement diminuée, et ils risquaient de se retrouver enfermés là si ça continuait.
Ils pouvaient continuer malgré tout, ignorer ce détail, oublier le reste et juste se perdre encore un peu dans la chaleur de l’autre… Mais le canidé mécontent et bien réveillé, lui, risquait d’être bien plus difficile à ignorer.
Au regard de Sylvan, il en était arrivé à la même conclusion. Ingrid s’approcha et avec un dernier baiser peint d’un sourire, elle souffla à son compagnon :

« On pourra rattraper ça autour d’un verre, un de ces jours… ? »

Se détournant vers la porte avec un clin d’œil, un Soyo pressé d’éloigner sa maîtresse dans les jambes, la guerrière sortit de la salle.
Bien des choses lui remuaient la tête, la réalité et les espoirs, bon sang les espoirs, c’était encore nouveau, ça… Le Val et Sylvan, chacun son passé, chacun son tour. Elle au moins ne serait pas prise au dépourvue face au sien s’il venait à rejaillir. Mais d’un autre côté, dans toutes ces choses qu’elle n’avait jamais dit à personne, il y avait la crainte de ne pas savoir mesurer la gravité de certaines.
Trop tard pour changer ça. Dans quelques mois, la Roja ferait son grand retour.

D’ici là Ingrid, elle, vivrait, tout simplement.
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