RP : Sous un arbre (avec Kato Dragrot)

La porte se referma dans un tintement de clochettes tandis qu'Ingrid sortait de l'épicerie.

Soyo, qui attendait sagement sa maîtresse à l'extérieur, aboya de bonheur en la voyant revenir. C'était si long, dix minutes, dans la vie d'un chien.

La jeune femme s'arrêta sur le trottoir, le temps de se griller une clope. Le prix du tabac elfique avait augmenté, fallait qu'elle fasse gaffe aux dépenses.

"Soyo, t'es mignon mais arrête."

Le berger allemand cessa de frotter amoureusement sa truffe sur le pantalon de la guerrière et la regarda, peiné.

Ingrid laissa la fumée s'envoler, les yeux plongés dans le ciel limpide. Pas un nuage, que dalle.

Il faisait beau depuis ce matin, du coup elle portait seulement un débardeur. Et du coup les passants fixaient comme des merlans le bras métallique qui scintillait sous le soleil.
Fin bon, c'était pas comme si elle en avait quelque chose à faire.

A peine 15h. Un peu tôt pour rentrer, surtout avec un temps pareil.

"Soyo, vamos."

Sur ces mots, elle commença à marcher d'un pas tranquille. Cigarette à la bouche, elle déambula dans les rues jusqu'à tomber sur un parc. Il y avait pas mal de monde, mais Ingrid repéra un petit coin à l'ombre, peinard.

Satisfaite de sa découverte, elle s'assit sur l'herbe et s'adossa contre un arbre.
Tout aussi satisfait, Soyo posa sa tête sur les genoux de la jeune femme.
Puis, profitant de l'instant, ils fermèrent les yeux.

"Aller Kato ! Il fait beau on peut aller dehors"

Voilà la phrase que j'entends depuis ce matin de la bouche de ce cher Aki. C'est vrai qu'il fait beau, mais je dois d'abord finir ma matinée de travail, ce qu'il a du mal à comprendre.

Arrivé midi, je cède et part prendre mes affaires pour aller en ville. De toute façon il manque des médicaments pour l'infirmerie donc j'ai pas trop le choix.

Nous voilà donc partis en expédition dans la ville. Supermarché et pharmacie, le compte est bon.

"Kaatooo !! Il y a un parc, on y va ?"

15 heures. On a largement le temps de se promener et ensuite de rentrer à l'école. Il y a pas mal de personnes, mais cela reste calme. Quelques regards en coins lancer vers nous,----------------------. c'est vrai qu'on ne passe pas inaperçu tout le deux.

En marchant tranquillement dans les allées, je remarque une personne assise dans l'ombre d'un arbre. Rien d'anormal à première vue, sauf quand Aki se précipite en courant vers son chien.

"C'est pas vrai Aki revient tout de suite !"

Je pars en courant derrière lui, mais trop tard, il arrive déjà sur eux deux alors que je suis à bien 50 mètres derrière. Il peut courir vite quand il veut.

Enfin arrivé devant eux, il me semble reconnaitre cette jeune femme.

"Bonjour, désole du dérangement ... on se connait ?"

Peut-être un peu trop direct.

Ingrid sentit la tête de Soyo se redresser vivement. Il avait dû voir un chat.
Ouvrant un œil, elle constata avec perplexité que c'était plutôt le chat qui les avait vu.
Il fonçait droit sur eux, en fait.

"C'est pas vrai Aki reviens tout de suite !"

Le propriétaire de la bestiole s’essoufflait derrière elle.

Soyo regardait fixement le chat qui se tenait à quelques pas. Devait-il partir en courant ou se faire pipi dessus ? Ou bien les deux ?

Ingrid, tranquille, gratta la tête du nouveau venu à poils noir.

Arrivant finalement près d'eux, le maître du fugueur s'excusa. Ingrid reconnut un gars de l'académie, elle ne savait plus qui.

"Bonjour, désole du dérangement ... On se connait ?"

Avec un sourire amusé, la jeune femme rétorqua :

"Un peu vieux comme technique de drague."

Puis, lui tendant sa main métal, elle ajouta :

"J'm'appelle Ingrid, je travaille à l'académie."

"Un peu vieux comme technique de drague."

Technique de drague ? Mais c'est pas mon intention ..

"J'm'appelle Ingrid, je travaille à l'académie."

Mais bien sûr ! Comment ne pas se souvenir qu'une collègue de travail ?

"C''est bien sûr ! Je suis Kato, l'infirmier de l'académie. C'est surement là bas que je vous ai déjà vu. Et cette chose qui est venue vous voir, c'est Aki."

"Bonjour !"

Je lui rendis sa poignée de main tout en admirant cet ouvrage. C'est tellement minutieux ! Pour un médecin, sa relève presque du miracle ce bras artificiel. Je suis assez curieux de savoir comment cela lui est arrivé mais c'est un peu trop direct pour une première rencontre.

"C'est peut-être trop direct mais magnifique bras métallique. C'est un bel ouvrage."

Le jeune homme se présenta sous le nom de Kato, infirmier à l'académie.
Ingrid songea que vu ce que ses élèves s'apprêtaient à vivre pendant l'année, ils allaient se revoir souvent.

Il avait des oreilles et une queue de chat, genre chimère. Rien de bien original, en somme.

"Et cette chose qui est venue vous voir, c'est Aki.
-Bonjour !"

Ah, celle-là par contre, on ne lui avait pas encore faite.

Ingrid regarda avec surprise le chat parlant. Soyo, lui, restait hébété face à cette supériorité intellectuelle inattendue. Déjà qu'avant c'était pas une flèche mais là...

La guerrière, sourire aux lèvres, ébouriffa le crâne d'Aki.

"Salut, p'tite tête."

Son attention se reporta sur son collègue quand celui-ci déclara d'un ton admiratif :

"C'est peut-être trop direct mais magnifique bras métallique. C'est un bel ouvrage."

Sa franchise avait un côté sympathique. Ingrid lui répondit avec un rire :

"T'inquiètes, j'ai entendu pire."

Soyo retourna se blottir contre sa maîtresse. Face à l'inconnu, toujours choisir la sécurité.

Tirant son paquet de sa poche, elle prit une clope. En plein air, 'y avait pas de raison pour se priver.

"Merci en tout cas, son créateur sera flatté. Cigarette ?"

"Merci en tout cas, son créateur sera flatté. Cigarette ?"

"J'imagine bien, même si ce travail me fait penser à une personne rencontre pendant un voyage. Un nain en vérité, mais c'est peu probable. Non merci, c'est pas super pour la santé."

Je regarde son chien, il a l'air terrifie par Aki. C'est pas inhabituel pour ma part, Aki a toujours inquiété les animaux. J'ai jamais trop su pourquoi.
Ingrid aussi à l'air surprise de la faculté de Aki. Faut dire, c'est pas courant un chat qui parle, ou n'importe quel animal d'ailleurs.

"Et du coup, vous enseignez quel matière à l'académie ?"

"Et il s'appelle comment votre chien ?"

"Non merci, c'est pas super pour la santé.
-Bof, c'est du tabac elfique. Y a pas grand chose à craindre."

Ingrid sortit son briquet et alluma la cigarette.
Il faisait toujours beau. Cool.

La guerrière gratta la nuque de Soyo. Le berger allemand se détendit sous le contact familier.

"Et du coup, vous enseignez quel matière à l'académie ?
-Et il s'appelle comment votre chien ?"

Joli synchronisation. Ingrid prit le temps de recracher doucement la fumée avant de répondre.

"Je suis prof de combat à mains nues. Et le doué, là, c'est Soyo."

Le regard plongé dans le ciel, zébré par les branches d'arbres, la jeune femme laissa la clope se consumer un peu entre ses doigts.

"Sacrée année qui s'annonce, hein ?"

"Sacrée année qui s'annonce, hein ?"

Sur ses paroles, je m'assois devant elle. Cela fait du bien de s'asseoir enfin. Aki, quand à lui, décida de s'approche de son nouvel ami, Soyo donc.

"M'en parlez pas, j'ai jamais jouer le rôle d'infirmier dans une école. Je sais pas si je vais soigner des maux de crane ou amputer des jambes. J'ai connu pire, mais cela me fait relativement peur."

Ceci dit, je préfère soigner les maux de têtes que de couper une partie de corps. Du coin de l'oeil, j'observe Aki qui arrive presque au niveau de la tête du berger allemand

"Vous avez déjà de l'expérience dans le grand monde de l'enseignement ?"

Kato se posa à côté d'elle, tandis que son chat s'en allait tester les limites de courage de Soyo.

Avec un regard en coin, Ingrid inspecta plus attentivement son collègue. Plutôt mignon, quoique un peu petit à son goût. Un peu jeunot, aussi.
'Fin bon, l'essentiel, c'était qu'il soit sympa. Sinon bonjour la galère pour bosser avec lui toute l'année.

Visiblement ravi de pouvoir s'asseoir, Kato répondit à sa remarque.

"M'en parlez pas, j'ai jamais joué le rôle d'infirmier dans une école. Je sais pas si je vais soigner des maux de crane ou amputer des jambes. J'ai connu pire, mais cela me fait relativement peur."

Y avait de quoi, oui. Ça n'allait pas être de tout repos pour lui, cette année.

"Vous avez déjà de l'expérience dans le grand monde de l'enseignement ?
-Nope. Je crois qu'on débute quasiment tous, 'fin de ce que j'ai vu."

Soyo semblait être sur le point de tomber dans les pommes. Ce chien, c'était un concentré de frousse à l'état physique.

La fumée ondulait devant ses yeux. Elle avait un petit creux.

"Niveau amputations, y a pas trop de risques dans mon cours mais y aura forcément des fractures à rafistoler."

Le regard jusque-là rivé dans le paysage, elle tourna la tête vers Kato avant d'ajouter :

"On peut se tutoyer ? Le vous, c'est pas trop mon truc."

"Niveau amputations, y a pas trop de risques dans mon cours mais y aura forcément des fractures à rafistoler."

C'est sûr qu'avec de combat à mains nues, il faudrait que l'élève est des lames à la place de ses mains pour couper un bras à quelqu'un.

"On peut se tutoyer ? Le vous, c'est pas trop mon truc."

"D'accord, j'aime pas trop vouvoyer les gens."

Ça m'arrange qu'elle as proposé en premier, d'habitude je me fais jeter.
Pendant ce temps, Aki est arrivé à niveau de la tête de Soyo et s'assoit juste devant lui.

"Salut, je suis Aki et toi ?"

"Aki espère toujours qu'on lui réponde, mais c'est jamais arrivé."

Un groupe de gamins passa à quelques mètres d'eux. Le beau temps attirait toujours les mômes.

Aki s'assit juste en face de Soyo, visiblement décidé à nouer des liens.

"Salut, je suis Aki et toi ?"

Le berger allemand avait du mal à comprendre les intentions de son interlocuteur et le fixait avec des yeux en soucoupe. Que lui voulait donc ce chat bizarre ?
Prenant son courage à deux pattes, il tendit timidement la truffe vers le félin à paroles.

Ingrid trouvait la scène plutôt marrante. Peut-être que sa carpette de chien allait enfin se faire un ami.

"Aki espère toujours qu'on lui réponde, mais c'est jamais arrivé."

la guerrière leva un sourcil amusé. Bah tiens.

"Faut dire que les chats qui parlent, ça court pas vraiment les rues. Tu l'as dégoté où ?"

"Faut dire que les chats qui parlent, ça court pas vraiment les rues. Tu l'as dégoté où ?"

Bon que faire ? Mentir ne sert à rien, elle apprendra tôt ou tard la vérité en étant collègue. Donc je vais prendre l'option de dire la vérité en résumé.

"Hé bien, c'est une longue histoire plutôt anormal mais, disons pour résume, que c'est lui qui m'a trouvé quand j'étais encore qu'un bébé. Il m'a élevé et m'a enseigné la médecine. Je sais que ça parait bizarre mais c'est la vérité, c'est un chat magique après tout." dis-je avec un sourie ironique en attendant la réaction d'Aki

D'ailleurs elle ne se fit pas attendre. Juste en retournant sa tête vers moi, il dit :

"Je suis un chat démon ! Pas un chat magique, tu es pénible avec ça !"

Sur ces paroles, il retourna sa tête vers Soyo pour le laisser approche.

"Il déteste quand je l’appelle chat magique, mais qui aime bien châtie bien."

Ingrid écouta sans un mot l'histoire de Kato. Si elle avait été perplexe pendant quelques secondes, son pragmatisme naturel avait rapidement repris le dessus.
Des choses barges dans ce monde, il y en avait des tas. Et des pires. Alors un bébé élevé par un chat qui parle, bah pourquoi pas.

Aki s'énerva lorsque Kato le qualifia de "chat magique".

"Je suis un chat démon ! Pas un chat magique, tu es pénible avec ça !"

Ok, ça, même pour un chat, c'était perché.
'Fin bon. Avec la magie, on ne savait jamais à quoi s'attendre. Et puis ça expliquait pourquoi il pouvait causer.

Aussi commenta-t-elle simplement :

"Ça se tient."

Figé dans son élan de courage par l'éclat de colère d'Aki, Soyo le regardait avec des yeux malheureux.

Kato, lui, semblait très amusé par la réaction de son compagnon.

"Il déteste quand je l’appelle chat magique, mais qui aime bien châtie bien.
-Je connais bien l'adage, ouais."

La guerrière pensa en souriant à ses frères et leurs bastons affectueuses. Fallait pas qu'elle oublie d'envoyer une lettre aux parents, d'ailleurs.

Le petit creux dans son ventre commençait à prendre de l'ampleur. Fouillant le sac en toile où elle rangeait ses courses, elle sortit une pomme.

"T'en veux une ?"

"T'en veux une ?"

Juste à ce moment, je sens mon ventre un peu gargouiller. Ca tombe bien !

"Oui je veux bien, merci."

Je prends la pomme que Ingrid me tend. Une pomme, cela fait un moment que j'en ai pas mangé. Je croque dedans à plein dent.

Et Aki, toujours aussi déterminé, essaya de jouer avec son nouvel ami de lui touchant le bout de sa truffe. Je pense pas que ce soit très efficace mais bon.

En même temps, j'observe les personnes qui se promènent autour de nous. Des enfants, des personnes âgés, tant de monde.

"Tu crois que les gens sont au courant pour l'académie ? Parce que après les regards plutôt hostiles qu'on a reçu, j'ai presque l'impression qu'on est des aliens venues de sur la lune."

Après que Kato ait prit sa pomme, Ingrid en sortit une autre et croqua dedans. Un peu acidulée mais pas dégueu.

"Tu crois que les gens sont au courant pour l'académie ? Parce que après les regards plutôt hostiles qu'on a reçu, j'ai presque l'impression qu'on est des aliens venues de sur la lune."

Aki toucha gentiment la truffe de Soyo. Le berger allemand, perturbé par ce nouveau contact, resta hébété.

Ingrid jeta un coup d’œil aux habitants qui passaient.

"C'est bien parce qu'ils sont au courant qu'ils tirent la tronche."

Plus loin, les enfants riaient.

"Ça va faire plus d'un siècle que la paix est stable, que la vie est belle pour tout ce petit monde. Puis un jour on débarque en disant qu'on ouvre une académie pour mages et pour guerriers en prévision d'un grand chamboulement."

La cigarette s'était entièrement consumée.

"Ils ne nous aiment pas parce qu'on leur met sous le nez les changements qui vont arriver."

Ingrid plongea ses yeux d'acier dans ceux de son collègue.

"Parce qu'on prépare la guerre."

"Parce qu'on prépare la guerre."

Cette phrase me donne un frisson. La guerre .. une horreur sans nom qui excuse des milliers de morts.

"J'ai du mal à imaginer des gamins de l'académie partir sur le front de bataille. Même si quelqu'un sont plutôt âgé d'après leur dossier médical, mais le reste est totalement novice. Cela fait peur."

Je continue à regarder les personnes tout en réfléchissant. Et si une guerre sonne dans quelques mois, que deviendront les personnes normales .... Cela me déprime en fait.

"Ho et puis, c'est pas encore là. Il fait beau, tout va bien et on parle tranquillement sous un arbre."

Aki, réessaye une nouvelle fois d'embêter Soyo.

"Bon Aki, tu vois bien que tu le traumatises plutôt qu'autre chose, laisse le tranquille pour le moment, tu auras l'occasion de le revoir."

Ho j'ai peut-être dit une bêtise moi ..

"Enfin, peut-être pas traumatise, mais tu l'intriques du moins."

Il ne dit rien, comme à chaque fois.

Le sujet semblait réellement déprimer l'infirmier. Sûr que la guerre, ça n'avait rien de folichon. Pourtant il devrait s'y faire, parce qu'il risquait d'en réentendre pas mal parler. 

Mais bon. Les morts et les combats, ça attendrait encore longtemps.
Kato sembla avoir la même pensée.

"Ho et puis, c'est pas encore là. Il fait beau, tout va bien et on parle tranquillement sous un arbre."

Ingrid éclata de rire. Elle aimait bien ce petit gars.

"Comme tu dis."

Ouaip, tout allait bien. Une pomme, une cigarette, un peu de soleil. Manquait qu'une petite tasse de café.
Ingrid s'étira. A côté d'elle, Kato intervenait auprès de son chat. 

"Bon Aki, tu vois bien que tu le traumatises plus qu'autre chose, laisse-le tranquille pour le moment, tu auras l'occasion de le revoir bientôt."


Aki s'arrêta, visiblement vexé par les paroles de son ami. Celui-ci s'en rendit compte, puisqu'il ajouta rapidement :


"Enfin, peut-être pas traumatiser, mais tu l'intrigues du moins."


Ah si si, traumatisé. C'était le bon mot.
Soyo ne savait pas comment réagir devant ce drôle de chat. Était-ce un piège ? Une manœuvre d'approche pour mieux lui griffer la truffe ?

Cependant, s'il y a bien une émotion à laquelle le berger allemand était sensible, c'était la tristesse. Et le chat, là, il avait l'air triste.
Oubliant un instant sa peur, Soyo lui donna un petit coup de langue affectueux.

Sois pas triste, vieux, c'est pas bon d'être triste.

Ingrid assistait à la scène avec des yeux ronds.

"Alors ça c'est nouveau..."

"Alors ça c'est nouveau..."

Visiblement Ingrid fut surprise par la réaction de Soyo. Mais la réaction d'Aki ne m'étonne pas du tout en revanche. Le voilà partir en furie à courir partout et pour au final saute de tout son poids sur son nouvel ami.
C'est à chaque fois le même cirque. Malgré tout, c'est un spectacle amusant à chaque fois.

"Ils ont l'air bien s'entendre au final, enfin je l'espère."

Aki joue tranquillement sur de dos de Soyo, ça par contre, c'est inédit. Il n'a jamais eu autant confiance en un chien qu'il voit pour la première fois.

"Aki, fait attention à ne pas lui faire mal, je suis bien médecin, mais pas vétérinaire."

"T'inquiète pas, il est gentil Soyo, Ingrid la bien dressé !"

Je sais pas si c'est parce qu'il est bien dressé ou parce qu'il a trop de peur de toi. Un peu des deux sûrement.

Et puis, il me vient une question.

"Ingrid, si c'est pas trop indiscret, comme es-tu tombé dans la discipline du combat à mains nues ?"

L'aboiement joyeux de Soyo retentit dans le parc. Tout heureux d'avoir vaincu sa trouille et de s'être fait un copain, il s'amusait comme un fou. 
Devant un Aki aussi foufou que le berger allemand, Kato lança :

"Aki, fait attention à ne pas lui faire mal, je suis bien médecin, mais pas vétérinaire.
-T'inquiète pas, il est gentil Soyo, Ingrid l'a bien dressé !"

Terminant sa pomme, Ingrid haussa les épaules.

"Il était déjà comme ça quand j'l'ai trouvé."

Encore deux bouchées. Elle avait le gosier à sec, maintenant, mais pas de fontaine à l'horizon. Faudrait qu'elle repasse à l'épicerie.

"Ingrid, si c'est pas trop indiscret, comme es-tu tombé dans la discipline du combat à mains nues ?"


D'un mouvement fluide, la guerrière jeta le trognon mordillé dans la poubelle la plus proche.

"Bof, rien de bien épique. Les études c'était pas trop mon délire,  alors je suis partie tracer ma route comme une grande. Puis comme j'avais un petit don pour le combat, à force de me bagarrer avec mes frères, j'me suis spécialisée là-dedans."

Levant son bras d'adamantium, elle ajouta avec un clin d'oeil :

"Rien à voir avec ça, en somme."

"Rien à voir avec ça, en somme."

"J'aurais cru, mais je me repère : ce bras est vraiment bien fait."

Aki et Soyo ... ben ... c'est tout juste si il se souvient qu'on est là, juste à côté d'eux.

Et puis, je m'aperçois avoir un peu soif, heureusement que j'ai acheté du thé glacé tout à l'heure. J'aime le thé, c'est meilleur que le café.

"Tiens, si tu as soif j'ai du thé glacé que j'ai acheté tout à l"heure."

Je lui tends alors une bouteille.

Mais y'a toujours une question que j'ai envie de lui poser.

"Désole, je suis curieux, trop curieux quand ça parle de médecine. Mais comment as-tu eu ce bras ?"

L'éclat du métal ensoleillé piquait l’œil des passants mais illuminait celui de Kato.

"J'aurais cru, mais je me répète : ce bras est vraiment bien fait."


Ça faisait longtemps qu'Ingrid n'observait plus son bras. Pourquoi faire ?
Elle en connaissait les moindres courbes, les plus petites rainures. C'était son bras, quoi, une partie de son corps. Pas plus compliqué que ça.

Soyo et Aki continuaient à se sauter dessus comme des cabris hystériques. Ils étaient dans leur petit monde.

Ingrid hésitait à reprendre une clope. Elle avait déjà la gorge sèche, ça n'allait pas s'arranger si elle s'en grillait une.

La providence, sous le visage de l'infirmier, lui tendit alors une bouteille.

"Tiens, si tu as soif j'ai du thé glacé que j'ai acheté tout à l"heure."

Bon bah problème réglé.
Remerciant son collègue d'un hochement de tête, elle prit la bouteille et dévissa le bouchon.

"Désole, je suis curieux, trop curieux quand ça parle de médecine. Mais comment as-tu eu ce bras ?"

La guerrière eut un léger rire. Ah bah enfin. 
La question démangeait toujours les gens, mais ils ne demandaient jamais rien. La politesse, tout ça.
Pourtant Dieu sait ce qu'elle s'en fichait.

Refermant la bouteille, elle répondit tranquillement :

"Un accident quand j'étais môme, un arbre suicidaire en plein orage. Chance, il n'y a que mon bras qui a fini dessous mais on a dû m'amputer."

Elle sortit une nouvelle cigarette. L'autre avait passé plus de temps à cramer dans le vide que dans sa bouche.

"Dans notre quartier, y a un vieux quincailleur nain, Udriq Zevnan, un revendeur de babioles de l'Ancien monde, trucs comme ça... Bref, on le connait bien. Il a pas aimé voir ce qui m'était arrivé, et comme il est un peu bricoleur, le vieux a décrété qu'il allait me rafistoler. Ça lui a prit un an et demi de boulot mais tu peux voir le résultat."

Visiblement, elle n'a pas l'air dérangé par son passé. Tant mieux, je suis de plus en plus curieux par son bras.

"C'est incroyable. Les nains ont bien la réputation de faire des merveilles, malgré un caractère bien trempé pour certains."

Je me mis à penser à la fois où j'ai dû jouer l'infirmier pour une vingtaine de nains en même temps. Quel bazars il y avait ! Entre les grincheux, les pots de colle et les tonneaux de bière pas centaines ... heureusement que ça n'a durée que quelques semaines. Et c'est quand on les voit comme ça, qu'on a du mal à s'imaginer que leurs mains sont capables d'oeuvre d'art comme ce bras métallique.

"Juste un an et demi ? J'en connais d'autre qui font un membre artificiel en deux ou trois ans et ils sont très loin du même résultat."

Et puis en regardant de plus près, il me vient à l'esprit quelque chose d'essentiel : le mouvement. Comment il marche ?

"Mais comment fais-tu pour le bouger ? De la magie ou il est relié à ton corps ?"

Ingrid repensa au vieil Udriq.
Malingre, la barbe toujours taillée au poil près, des yeux bleu vif et des doigts abîmés par des années de travaux manuels. Toujours en train de bricoler quelque chose, même en mangeant.
Un sacré numéro, ce vieux bazardeur. Mais un numéro sympa.

"Juste un an et demi ? J'en connais d'autre qui font un membre artificiel en deux ou trois ans et ils sont très loin du même résultat."

Ça elle le savait. Des ingénieurs qu'étaient venus ausculter son bras sous tous les angles, il y en avait eu un paquet. Ils étaient tous repartis le cerveau en compote, à force de se triturer les méninges pour savoir comment un truc pareil existait.

Udriq était un génie, mais il n'aimait pas qu'on le clame sur tous les toits. Son talent, il le gardait pour lui et pour ses proches. Autant dire qu'Ingrid avait eu du pot de le connaître.

"Mais comment fais-tu pour le bouger ? De la magie ou il est relié à ton corps ?
-Les deux."

La jeune femme tira une bouffée.

"Je connais pas son fonctionnement complet, mais c'est de la magie qui le fait bouger en partie. Mon cœur l'alimente et mon cerveau donne les ordres."

La fumée qu'elle expira se dissipa sous le ciel bleu. 
Elle préférait ne pas trop en dire. Ça pouvait se retourner contre elle un de ces jours. Puis la flemme, aussi.

"Un truc comme ça, grosso modo."

"Je connais pas son fonctionnement complet, mais c'est de la magie qui le fait bouger en partie. Mon coeur l'alimente et mon cerveau donne les ordres. Un truc comme ça, grosso modo "

"Hé bien, il est extrêmement talentueux ce nain la ! Mais je veux pas t'embêter plus avec mes questions donc je m'arrête la."

J'ai eu assez de réponse pour aujourd'hui. Je dois être pénible avec toutes mes questions.

Je retourne ma tête pour voir où sont Aki et Soyo ... mais ils sont où ces deux-là ? Je me retourne de l'autre côté et toujours aucune trace. Ils se seraient pas enfuit quand même, c'est pas le genre de Aki !

Je reviens face à Ingrid, toujours en cherchant du regard les deux acolytes.

"Je vois plus Soyo et Aki, tu les as vus parti pendant qu'on parle ?"

En espérant que ce soit juste moi qui me fait des idées.

Kato sembla satisfait de la réponse et décida d'arrêter les questions là. De toute manière, à moins que ce soit un vrai maniaque d’ingénierie naine, il n'y avait pas grand chose d'autre à dire.

Ingrid rouvrit la bouteille et but une gorgée de thé glacé. Pas dégueu, ce machin.

"Je vois plus Soyo et Aki, tu les as vus partir pendant qu'on parlait ?
-Ils ont dû aller se dégourdir les jambes."


Ingrid ne se faisait pas trop de soucis. Soyo ne s'éloignait jamais bien loin d'elle, trop peur d'être abandonné de nouveau. 
Bon ensuite, où est-ce qu'ils étaient partis gambader, c'était une autre histoire.


Le plouf retentissant venant du lac derrière eux et le wouf wouf joyeux qui s'ensuivit répondirent à la question.


Avec un sourire, Ingrid indiqua à son collègue :


"J'crois qu'ils sont là."