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 L'étau

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Ingrid Koothran
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Ingrid Koothran


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Race: Humain
Groupe: Guerrier

L'étau Empty
MessageSujet: L'étau   L'étau Empty13.11.18 23:44

Vacarme infernal. Les coups de feu et les cris se rapprochent. Devant ses yeux une paire de bottes claque, puis un homme s’accroupit souplement. Cross. Il s’appelle Cross.

« Ingrid, je t’en prie écoute-moi… »

Son corps s’agite vainement contre le sol. Membres bloqués, jambes, bras, l’étau d’ombre resserre son emprise. Katia n’est plus très loin. Et il sera trop tard.
Cross soupire.

« Ecoute. Je n’ai pas le choix pour Kat, mais Roxane et toi… »

Il ne finit pas ; c’est clair comme la putain de lune.

« Ne dis rien et je n’aurais pas à faire ça. S’il te plaît. »

Le poids de l’étau compresse, tire un peu. Ça saigne.
Échange de regards, éternité au son des mitrailleuses. Puis son bras gauche qui se libère, à vif et en miettes, attrapant sans force la cheville du traître, l’air et la crasse dans sa gorge quand sa voix vibre de toutes ses forces :

« KAT ! C’EST UN PIEGE… ! »

Trop tard, fait l’étau.





Mal. Tellement mal.
Ses jambes... Putain... Le plafond blanc, trop blanc, et ces foutus points noirs qui grésillent...
Respire, c'est pourtant pas dur, respire...

Le monde était à l'envers, un cyclone figé qui décornait ses sens, les éparpillaient en désordre aux quatre coins d'elle-même. Points cardinaux à contresens, sans de sud dessous.
Retour au monde raté, le cauchemar l’avait suivie, incubant son souvenir vivace jusque dans sa moëlle. La dolor, mierda, este dolor… Blanche, spectrale, lui écrasait le corps, lui tranchait le souffle en hachures de boucher retors.
Respire Roja, puta respire !

Les yeux grands ouverts sur rien, Ingrid inspirait difficilement, l'air passant par à-coups violents. Soyo aboyait comme une tâche sonore en contrefond de son crâne.

La vibration dans ses membres remontait en percussions arythmiques, crescendo cassé. Elle regarda un moment sans comprendre le métal devant elle, son souffle peinant à retrouver le pas. Son bras, oui, c'était son bras, levé sans qu'elle s'en souvienne, comme s'il essayait d'affirmer par lui-même son existence. Un bras perdu il y a longtemps, un orage, un arbre, une foutue gamine, pas comme... Pas comme là.

Chaque sensation se diluait pour revenir en vague, intense à en crever et l'instant d'après plus rien. Elle remua une jambe, mouvement déconnecté, elle recommença, essayant de se redresser. Ses jambes aussi étaient là, lancinantes, mais toujours. Toujours.

La guerrière retomba en arrière. La sueur lui glaçait la peau mais sa respiration se calmait enfin, fatiguée de la brusque crise. Elle tremblait comme un chiot sous la pluie, avant de basculer hors du lit. La nausée remuait sporadiquement, pressante.

La démarche cotonneuse, la jeune femme percuta la table de chevet, puis se mit à longer interminablement le mur. Un bruit de fracas derrière, et le glapissement surpris de Soyo. Rien à foutre, salle de bain, maintenant.
La tête lui vrillait comme une toupie qui perdait la boussole, chaque pas s’impatientait jusqu'à ce qu'elle s'effondre à genoux devant les toilettes et vomisse tripes et boyaux.
Malgré les hauts le cœur, le poids dans sa poitrine ne s'allégeait pas.

Enfin, vidée jusqu'à l'os, Ingrid se laissa tomber sur le carrelage froid en fermant les yeux.
Un cauchemar ou une hantise, elle n’en savait rien, mais bordel, trop réel… Les combats de barbares l’avaient moins foutue à terre que ça. Pathétique, Roja.
La bile sanglante dans sa gorge, la poussière dans ses yeux, elle les sentait encore. L’écho du tiraillement, son supplice en suspens. Elle revoyait ses membres pris au piège, le visage attristé de son tortionnaire. Hijo de puta, crevure de merdefond, sombre connard imaginaire.
Ou pas.

Pour un mauvais souvenir, le tiraillement persistait un peu trop à son goût. Rouvrant les paupières, elle se redressa lentement, fixant sans y croire les longs sillons rouges qui dévalaient ses jambes. Les plaies qui encerclaient ses cuisses, comme des déchirures interrompues à leur commencement.



NB : Un texte sur Ingrid qui me trotte dans la tête depuis un moment. Je le réutiliserai peut-être pour un début de rp, en attendant je le laisse là :-).
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